Pour le gouvernement, le compte n'y est pas. Après trois mois de réflexion et de travaux, la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson convoque vendredi les industriels du tabac, déjà reçus en juin dernier. Objectif pour l'exécutif : obtenir des engagements sur des mesures concrètes pour lutter contre le fléau des mégots de cigarettes jetés par terre.
"Loin d'être à la hauteur". Car le constat est lourd : 30 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année en France, dont près de la moitié finissent dans la nature. Or, un mégot qui se déverse dans une rivière contamine à lui seul 500 litres d'eau et met plus de dix ans à se dégrader. Pour y remédier, Brune Poirson avait demandé aux cigarettiers des "propositions d'engagements concrets avec des solutions efficaces", avant l'été.
Trois mois après, les industriels du tabac "sont loin d'être à la hauteur", confie, énervé, un conseiller au ministère de l'Écologie. Parmi les propositions transmises ne figurent aucun chiffre sur la quantité de mégots qu'ils s'engagent à ramasser, ni aucune mesure quant au financement d'une éventuelle filière de recyclage. L'exécutif reproche aussi aux industriels de ne pas proposer des cigarettes plus écolos, avec des filtres moins polluants.
"Ne pas mettre la charrue avant les bœufs". De leur côté, les cigarettiers estiment que c'est d'abord aux fumeurs de faire preuve de civisme, quitte à renforcer les contraventions. "Ensuite, on mettra de l'argent sur la table", explique Eric Sensi-Minautier, le directeur des affaires publiques chez British American Tobacco. "Notre préoccupation, c'est simplement de ne pas mettre la charrue avant les bœufs", indique-t-il.
En attendant, le professionnel souligne la formulation de propositions concrètes, "par exemple mettre en oeuvre des distributions de cendriers à des endroits ciblés, les plages pendant l'été ou les stations de ski pendant la période des sports d'hiver", promettant une mise en oeuvre "dès 2019".