La mère d'un dealer condamné à 20 mois de prison pour trafic de stupéfiants a été expulsée de son logement social de Nice. Cette décision inédite prise par le bailleur, prévenu de la situation par la préfecture, ne manque pas de faire réagir les riverains. Une association étudie également la possibilité d'une action en justice.
Les HLM de Nice vivent à l'heure d'un nouveau règlement. Celui-ci facilite l'expulsion d'un ménage en cas de condamnation du locataire ou d'une personne vivant sous son toit, notamment pour trafic de drogue. Une mère a en effet été informée lundi de l'expulsion de son logement social de Nice après que son fils de 19 ans a été condamné à 20 mois de prison pour contrôle de stupéfiants. Une décision inédite prise par son bailleur et qui a fait réagir les riverains de ce quartier de l'Ariane.
"Punir l'enfant, mais pas la mère"
"C'est dur pour elle, mais si elle a cautionné son fils, c'est de sa faute. Après, on n'est pas responsable de nos enfants adultes", lance une voisine. Au pied des tours, devant les quelques commerces du quartier ou à l'arrêt de bus, beaucoup d'habitants s'agacent en effet des trafics en tout genre mais jugent malgré tout brutale la procédure d'expulsion qui vise cette mère de famille.
C'est le cas de Simo et Nadia, qui habitent eux-aussi le quartier de l'Ariane, à l'est de la ville, où la mère de famille habitait. "D'accord pour punir l'enfant, mais pas la mère. Quand on vit dans un quartier comme ça on porte vite un jugement comme si les parents ne savaient pas éduquer leurs enfants. Mais justement les parents en souffrent", plaide la jeune femme. "Ca dépend du cas", surenchérit son compagnon. "Si c'est la première fois qu'il est arrêté ou si ça fait plusieurs fois. Maintenant je ne trouve pas que ce soit la solution de les expulser comme ça. Je ne suis pas certain que l'on aurait expulsé une mère de famille de la même façon sur la Promenade des Anglais", argue-t-il.
Inquiétude pour les familles avec des enfants en bas âge
Pour Teresa Maffeis, militante au DAL (Droit au logement) de Nice qui aide les familles expulsées, cette décision envoie un mauvais signal. "C'est vraiment dur de mettre la faute sur les parents qui vivent difficilement. Ils ont pris en exemple cette femme qui vit seule et ils disent qu'il y en a encore beaucoup. Donc il y aura certainement des familles avant des enfants petits. Comment vont-ils faire ? Ce qui m'inquiète un peu, c'est que si vous continuez dans ce sens là, les quartiers vont s'embraser", avertit-elle. L'Association Droit au logement étudie d'ailleurs la possibilité d'une action en justice. Depuis un an, 72 procédures d'expulsion similaires ont été engagées.