Mère Teresa de Calcutta, la "sainte des caniveaux" qui a passé sa vie à soulager la misère la plus sordide, sera canonisée dimanche 4 septembre [une canonisation constitue la déclaration officielle qu'une personne décédée est au paradis, ndlr]. Ses mains noueuses ont caressé tous ceux dont personne ne voulait, des mourants rongés par les vers à Calcutta aux premiers malades du sida à New York. Cet engagement radical allié à une photogénie singulière ont fait d'elle un monument de l'Eglise du 20e siècle.
Une cérémonie sous haute protection. En 2003, la béatification de Mère Teresa par le pape Jean-Paul II, dernier rendez-vous de ces deux monstres sacrés du 20e siècle, avait attiré 300.000 fidèles à Rome. Pour sa part, le pape François voit dans Mère Teresa une incarnation de son idéal d'une "Eglise pauvre pour les pauvres". La cérémonie sera un temps fort du Jubilé de la miséricorde voulu par le pape argentin. Une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement, peut-être 100.000 fidèles sur la place Saint-Pierre... et 3.000 policiers et militaires mobilisés pour la sécurité.
Une vie passée à Calcutta. Gonxhe Agnes Bojaxhiu est née le 26 août 1910 dans une famille albanaise très pieuse du Kosovo à Skopje, alors dans l'empire ottoman et aujourd'hui capitale de la Macédoine. A 18 ans, elle entre chez les sœurs de Notre-Dame de Lorette à Dublin, où elle choisit son nom de religion en hommage à Thérèse de Lisieux. Envoyée à Calcutta, elle enseigne pendant près de 20 ans la géographie dans une école pour jeunes filles des classes aisées, avant d'obtenir de pouvoir suivre une vocation nouvelle : se mettre au service de Dieu à travers les plus pauvres. A 37 ans, elle enfile un simple sari de coton blanc bordé de bleu et s'installe dans un bidonville de Calcutta pour enseigner et prodiguer des soins rudimentaires.
Avec d'anciennes élèves comme novices, elle fonde en 1950 les missionnaires de la Charité. En 1952, la rencontre d'une femme agonisant sur un trottoir la pousse à harceler les autorités de la ville pour obtenir une vieille bâtisse où elle accueille les mourants dont les hôpitaux ne veulent plus. Viennent ensuite des maisons pour les orphelins, les lépreux, les malades mentaux, les mères célibataires, les malades du sida... D'abord en Inde, puis à partir des années 1960 dans le reste du monde.
Une austérité radicale. Énergique et déterminée, faisant preuve d'un pragmatisme à toute épreuve - au point de ne pas se montrer regardante sur l'origine des dons qu'elle reçoit -, elle est sur tous les fronts : en 1979, elle reçoit le prix Nobel de la paix. Dans son discours d'acceptation, la frêle religieuse d'1,54 m douche cependant son auditoire en dénonçant l'avortement comme "la plus grande force de destruction de la paix aujourd'hui". Elle essaie aussi de mettre les choses au clair : "Nous ne sommes pas des travailleurs sociaux. Il se peut que nous fassions un travail social aux yeux des gens, mais en réalité, nous somme des contemplatives au coeur du monde".
Mère Teresa s'est éteinte le 5 septembre 1997 dans la maison-mère de sa congrégation à Calcutta, où elle repose sous une tombe que les soeurs décorent chaque jour d'une parole écrite avec des pétales de fleurs.