Messages racistes de policiers sur Facebook : Castaner saisit la justice, une enquête ouverte

Christophe Castaner saisit la justice concernant la publication de messages racistes et sexistes de policiers sur Facebook. © Julien DE ROSA / AFP
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avec AFP , modifié à

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a décidé vendredi de saisir la justice concernant l'affaire des messages, commentaires et montages racistes et sexistes publiés par des policiers et des gendarmes dans un groupe Facebook privé. De son côté, le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire.

Christophe Castaner a saisi vendredi la justice, et une enquête a été ouverte, après la révélation de messages racistes publiés sur Facebook dans un groupe privé réunissant des membres des forces de l'ordre. Jeudi, le site d'informations Streetpress a publié un article révélant ces messages, commentaires et montages racistes et sexistes publiés majoritairement par des policiers et quelques gendarmes sur ce groupe Facebook privé qui compterait plus de 8.000 membres. 

La chanteuse Camélia Jordana insultée

"S’ils sont avérés, ces propos inacceptables sont de nature à porter gravement atteinte à l'honneur de la police et de la gendarmerie nationales, dont les hommes et les femmes sont engagés au quotidien pour protéger les Français, y compris contre le racisme et les discriminations. C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur a décidé de saisir le procureur de la République", a-t-on précisé de même source.

Ce site d'information en ligne a publié jeudi une enquête révélant l'existence d'un groupe Facebook "TN Rabiot Police Officiel" présenté comme un groupe de discussions réservé aux forces de l'ordre. Selon l'enquête, de très nombreux messages haineux, racistes, sexistes, homophobes et vulgaires y sont échangés entre participants. Des captures d'écran publiées par Streetpress montrent ainsi des messages tournant en dérision la mort de jeunes hommes au volant de leur moto-cross ou qualifiant de "sale pute" la chanteuse Camélia Jordana qui a récemment dénoncé les violences policières

Le débat sur les violences des forces de l'ordre enfle

La publication de ces échanges intervient sur fond de vague d'indignation mondiale après la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc, qui a relancé en France le débat sur les violences des forces de l'ordre visant les minorités. 

L'association antiraciste La Maison des Potes a annoncé une plainte contre X car "le racisme est un mal qui ronge de plus en plus la police". Membre du comité Justice et vérité pour Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 après une interpellation, Youcef Brakni a lui estimé que ce groupe Facebook reflétait le sentiment "d'impunité" au sein de la police. 

"Les policiers sont policiers 24h/24. Ils doivent respecter la déontologie. Ces groupes de discussion, où sont lancés un tel venin, ne sont pas tolérables", a affirmé Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-Police. "Quand la faute est avérée, les brebis galeuses doivent être sanctionnées", a-t-il ajouté. 

Une enquête préliminaire ouverte

Christophe Castaner avait promis mercredi une "sanction" pour "chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes" au sein des forces de l'ordre. Le ministre de l'Intérieur a saisi vendredi le parquet de Paris en vertu de l'article 40 du code pénal qui impose à "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit", "d'en donner avis sans délai au procureur de la République". 

Quelques heures plus tard, le même parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), pour "injure publique à caractère raciste" et "provocation publique à la haine raciale". 

De son côté, Facebook a indiqué "étudier activement ce groupe", qui était toujours en ligne vendredi soir, et assure qu'il retirera "tout contenu" contraire à ses règles, qui interdisent les "discours haineux" et "incitant à la violence", "y compris dans les groupes privés".