Cinq ans après le drame, les circonstances précises de la mort d'Aurélie Châtelain restent inconnues. Cette jeune femme de 32 ans, originaire de Caudry, dans le Nord, se trouvait dans sa voiture sur un parking de Villejuif quand elle a croisé la route du terroriste Sid Ahmed Ghlam, alors qu'elle s'apprêtait à participer à un stage de perfectionnement de fitness, en avril 2015. Le suspect, qui a dû renoncer à son projet d'attentat contre l'église de la commune après s'être blessé à la jambe avec l'arme qui a servi au meurtre de la jeune femme, est jugé au côté de neuf autres protagonistes, à partir de lundi. Pourquoi s'en est-il pris à elle ? A-t-il voulu éliminer un témoin ? Croyait-il être suivi par un service de police ? Le père de la jeune femme espère obtenir des réponses.
"Ma fille aurait pu voir la mort arriver"
"Ce que je voudrais, c'est savoir ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là", souffle Jean-Luc Châtelain au micro d'Europe 1. "Savoir comment ça s'est passé, se dire, par exemple, qu'il l'a froidement tué en arrivant derrière elle. C'est presque à souhaiter, qu'elle ne l'ait pas vu, qu'elle n'ait pas souffert. S'il arrivait de face et qu'elle s'est défendue, pensant qu'il venait prendre sa voiture, ou je ne sais pas… Quand j'imagine que ça a pu arriver, qu'elle se défende en pensant qu'il allait la tuer, c'est quelque chose qui est très dur, qui fait très mal. De savoir que ma fille aurait pu voir la mort arriver."
"C'est pour ça que je voudrais qu'il avoue, pour savoir un peu comment ça s'est passé", poursuit le père de la victime, tandis que le principal suspect nie toujours les faits. "Mais je n'y crois pas du tout", soupire-t-il.
"Ils savaient très bien qu'il était certainement radicalisé"
Au-delà du scénario de l'attaque, Jean-Luc Châtelain espère, en revanche, obtenir des réponses quant aux éventuelles défaillances dans la surveillance de Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien qui avait effectué plusieurs voyages en Turquie et était en lien avec l'organisation Etat islamique. "Ce qui est dérangeant, quand même, c'est qu'il était fiché S", soulève le père de la jeune femme. "Ils savaient très bien, déjà, qu'il était certainement radicalisé ou qu'il y avait quelque chose comme ça."
"Ce qui n'est pas normal, c'est qu'on l'a laissé… Je ne vais pas dire qu'on l'a laissé agir, mais on aurait dû intervenir avant", poursuit-il. "Je pense que si les choses avaient été faites auparavant, ma fille serait encore là. On se rend compte quand même que ce n'était pas un simple sous-fifre, c'est quand même quelqu'un qui dirigeait pas mal de choses, qui était a priori surveillé. Si, vraiment, la faille vient de l'État ou de la surveillance, c'est quand même malheureux. Ça veut dire qu'il y a des gros problèmes." Et de conclure : "Tant qu'il y aura des gens comme ça qu'on laissera rentrer en France, je ne serai pas le seul à perdre un enfant."