Plusieurs centaines de salariés du groupe Michelin manifestent ce jeudi à Clermont-Ferrand, où se trouve le siège historique de l'entreprise, pour s'opposer aux fermetures des sites de Cholet et de Vannes. Des fermetures annoncées il y a une semaine et prévues d'ici 2026.
La fermeture annoncée des sites de Cholet et de Vannes du groupe historique de pneumatiques Michelin entrainerait la suppression de 1.254 postes. Les employés particulièrement remontés ont lancé dans la foulée de l'annonce un appel à la grève illimitée . Celle de ce mardi réunit plusieurs centaines de salariés du groupe dans les rues de Clermont-Ferrand.
"Ce n'est pas nous qui devons trinquer"
Une centaine de salariés de Vannes et une autre centaine de Cholet sont arrivés en bus peu avant la mi-journée à Clermont-Ferrand afin de manifester aux côtés de leurs collègues du Puy-de-Dôme. Ensemble, ils vont fouler le pavé jusqu'au siège de Michelin pour crier leur colère et leur refus de voir les usines fermer, entrainant dans leur sillon la suppression de 1.250 personnes.
Pour Dominique Leclerc, délégué CGT à Michelin Clermont, la colère est vive et la partage au micro d'Europe 1. "On est en colère. Nos camarades de Vannes et de Cholet sont en colère, et je les comprends". 50 ans que l'usine est présente dans la ville rappelle le salarié. Une usine qui a employé "plusieurs générations" de travailleurs, "et en cinq minutes paf on leur annonce que c'est fermé, en cinq minutes on les jette à la rue, c'est insupportable !"
À ses yeux, le fait qu'un "groupe comme Michelin qui fait des milliards de profits", puisse expliquer à ses salariés qu'il rencontre "des difficultés" est une aberration. Selon lui, "il n'y a aucune difficulté chez Michelin". En 2024, l'entreprise "annonce 3.4 milliards de profits, ça fait 2.100 euros par salarié, par mois, dans le monde et pour chacun des salariés". Il fustige, "c'est ça des difficultés ?"
>> LIRE AUSSI - Pneumatiques : quand les produits chinois se cachent derrière des noms britanniques pour envahir le marché européen
Dans le même temps, alors que certains salariés espèrent pouvoir éviter la fermeture des sites, ils sont nombreux à s'être résignés. La majorité souhaite donc simplement négocier de meilleures conditions de départ que celles proposées jusque-là par la direction. Si la plupart ont baissé les bras, c'est bien parce qu'ils sont conscients que Michelin fait face à une concurrence féroce venue d'Asie . Selon Cédric, fabricant de pneus depuis 14 ans à Cholet, les pneus asiatiques "sont beaucoup moins chers" que les leurs. La clientèle se tourne donc plus facilement vers les produits venus de l'Est.
Le groupe "se focalise plus sur le premium, sur le 'très haute qualité' et 'le très haute gamme'", seulement la production, elle, ne cesse de chuter. Une stratégie qui est donc toujours plus mise à mal au niveau mondial et qui retombe sur les salariés. Or, "ce n'est pas nous qui devons trinquer", sont-ils venus crier ce jeudi devant le siège de Michelin.