Le nouveau ministre de l'Intérieur Christophe Castaner veut "renforcer la présence de l'Etat" à la frontière espagnole et va nommer un "coordonnateur sécurité" pour "mieux organiser les contrôles" migratoires et le dialogue avec les autorités espagnoles, annonce-t-il dans un entretien au Journal du Dimanche.
48.000 entrées irrégulières. Le ministre, qui "s'inquiète de la pression migratoire qui s'exerce depuis quelques mois à la frontière espagnole", va désigner un haut fonctionnaire pour cette mission, précise-t-il au journal, dans ce premier entretien depuis sa nomination mardi place Beauvau. Depuis le début de l'année, "on a recensé en Espagne 48.000 entrées irrégulières en provenance du Maroc - soit une augmentation de 155% !" et "les non-admissions à la frontière franco-espagnole ont augmenté de près de 60% dans les Pyrénées-Atlantiques par rapport à l'an passé", selon lui.
3.500 places supplémentaires dans les centres d'accueil. "Nous voulons renforcer la présence de l'Etat sur cette frontière", assure-t-il. "Un tiers des demandeurs d'asile en France ont été déboutés dans un autre pays d'Europe, c'est inadmissible. Nous n'avons pas vocation à être une instance d'appel des déboutés de l'Allemagne ou de l'Italie", ajoute-t-il par ailleurs. Le ministre évoque aussi la création de 3.500 places supplémentaires en 2019 dans des centres d'accueil pour les demandeurs d'asile. "Si je veux de la fermeté, je sais aussi que nous devons faire preuve d'humanité", dit-il.
Concernant les procédures de reconduites à la frontière, Christophe Castaner estime que "nous devons être plus efficaces dans l'exécution des décisions d'éloignement", dit-il précisant qu'il se rendra "très vite" au Maghreb et en Afrique de l'Ouest pour évoquer ce sujet. Le ministre de l'Intérieur doit également échanger dans "les tous prochains jours" avec ses homologues européens, dont "M. Salvini".
Une coopération tendue avec l'Italie. Le ministre italien de l'Intérieur a envoyé samedi des policiers patrouiller à la frontière française afin d'empêcher les refoulements de migrants, au lendemain de la reconduite de trois clandestins, qualifiée de normale par la France. "Les procédures appliquées à la frontière, de part et d'autre, résultent du code Schengen et d'un accord bilatéral franco-italien", explique-t-il. "Dans la plupart des zones frontalières, la coopération avec la police italienne se passe bien. Je comprends qu'il y a un besoin de renforcer cette coopération dans la région de Bardonnèche. Ne comptez pas sur moi pour ajouter de la polémique à la polémique", ajoute Christophe Castaner.
Les relations entre Rome et Paris se sont tendues ces derniers mois. L'Italie accuse ses partenaires européens, à commencer par la France, de l'avoir laissée seule gérer la crise migratoire et les quelque 700.000 migrants arrivés sur ses côtes depuis 2013.