Paris veut proposer à ses partenaires européens de mutualiser la gestion des migrants, que ce soient les contrôles aux frontières ou leur accueil.
La France veut proposer à ses partenaires européens dimanche, en accord avec l'Allemagne et l'Espagne, d'"européaniser" la gestion des migrants, pour l'accueil, l'examen des dossiers ou leur "reconduite" dans leur pays d'origine, a expliqué l'Elysée.
Paris veut convaincre Madrid. Lors d'un mini-sommet dimanche, avant le sommet européen crucial de jeudi, Emmanuel Macron, sur la même ligne que la chancelière Angela Merkel, promeut cette approche "collaborative" qu'il oppose à celle des pays du "groupe de Visegrad" (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie). Il espère rallier à sa position le nouveau Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, qu'il reçoit ce samedi. "Le nouveau gouvernement espagnol a affiché des positions pro-européennes, nous pensions qu'il va être très important de voir comment on va pouvoir avancer avec l'Espagne sur la question des réfugiés", a expliqué l'Elysée. Mais les quatre pays de l'est boycotteront le mini-sommet dimanche, rendant très peu probable un consensus européen fin juin. Angela Merkel a déjà averti qu'aucun accord ne serait pas conclu à cette date et Paris juge que ce sera "difficile".
Réfugiés vs. migrants économiques. Sur le fond, la position française est de n'accorder le droit d'asile qu'aux migrants justifiant d'une persécution et d'expulser les migrants économiques. En revanche, Paris veut que cette politique soit européenne, refusant le contrôle unilatéral aux frontières que prônent les pays de Visegrad, ainsi que les ministres de l'Intérieur d'Italie, d'Autriche et d'Espagne. Paris répète sa position : protection des côtes par l'agence Frontex, renforcée à 10.000 hommes contre 1.500 actuellement, office européen pour centraliser les demandes d'asile, répartition en Europe de ceux ayant obtenu le statut de réfugiés, gestion européenne des expulsions, en négociant avec les pays de départ. La France reste floue sur la possibilité de faire pression sur les pays africains en réduisant l'aide au développement s'ils n'empêchent pas les départs.
Centres d'examen des dossiers en Afrique. Mais Paris se défend d'avoir fermé unilatéralement sa frontière avec l'Italie à Vintimille, où les migrants sont empêchés de passer, affirmant que cette décision est compatible avec les accords de Schengen en cas de crise et permise par des traités bilatéraux avec l'Italie. De plus, plaide Paris, l'Italie est pour ce filtrage, car sinon cela créerait "un appel d'air qui créerait un afflux" pour une route des migrants traversant l'Italie. Pour l'exécutif français, une bonne solution serait d'installer des centres d'examen des dossiers sur le sol africain, qui sélectionneraient les candidats pouvant obtenir l'asile et dissuaderaient les autres.
Quant aux "plateformes régionales de débarquement" pour les migrants secourus en mer que certains pays européens voudraient installer en Afrique pour examiner des demandes d'asile, Paris estime qu'elles "ne seraient pas compatibles avec le droit international, en imposant dans des pays des centres où on concentrerait les migrants".