Migrants : "Nous oublions les principes fondamentaux de fraternité", estime Me Henri Leclerc

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Ophélie Gobinet , modifié à
Le président d'honneur de la Ligue des Droits de l'homme fustige au micro d'Europe 1 la proposition d'Emmanuel Macron de créer des centres fermés pour migrants.
INTERVIEW

"Ce sont des gens qui crèvent. Il faut d'abord poser le problème de ces gens qui viennent vers nous en tendant la main". Jeudi, c'est dans une verve humaniste que Me Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'homme a poussé un coup de gueule, au micro d'Europe 1, contre le manque d'unité des pays européens sur la question des migrants. En toile de fond : un Conseil européen réuni jeudi et vendredi à Bruxelles sur le sujet de l'asile et la menace d'un veto italien si les propositions retenues ne conviennent pas à la politique de Rome.

"Le désaccord européen sur une question aussi essentielle que [le droit d'asile] et la menace italienne d'un veto montrent une conception qui semble être partagée par d'autres pays", constate Me Henri Leclerc. "C'est une conception d'un nationalisme étroit, derrière des barbelés. Tout le contraire de la construction européenne", analyse-t-il, lapidaire. 

"Camps de concentration". Souvent désigné comme un "monstre sacré du barreau", l'avocat pénaliste fustige la proposition d'Emmanuel Macron de créer des centres fermés pour migrants sur les côtes européennes. "C'est une curieuse proposition", glisse Henri Leclerc. "Les camps de concentration, je n'aime pas beaucoup ça", poursuit-il. "Enfermer des gens, pour une raison ou pour une autre, dans des camps, ce sont des situations dont on ne peut pas sortir et qui, malheureusement, risquent de très mal se terminer", prévient ce farouche défendeur des libertés qui a aussi été opposé à la loi antiterroriste, défendue par Gérard Collomb.

Défenseur du droit d'asile. Conscient de l'effet produit par la répétition des mots "camps de concentration", Me Henri Leclerc se justifie. "C'est à cela que ça me fait penser. Il y a une chose qui me paraît essentielle : on ne refoule pas les gens qui demandent l'asile. Nous oublions un peu les principes fondamentaux de fraternité", explique-t-il, ajoutant savoir "parfaitement" qu'il "faut qu'il y aient des réglementations". "On doit être vigilant sur un problème essentiel : le droit d'asile", martèle le président de la Ligue des Droits de l'homme. C'est un droit fondamental aussi bien en France qu'en Europe", rappelle l'avocat. "Avant de poser le problème de la défense contre les envahisseurs. Il faut poser le problème premier de leur misère et des raisons pour lesquelles ils viennent".