"À 27 ans, j’ai pas pleuré à la mort de mon père. À 48 ans, j’ai pas pleuré à la mort de ma mère. On a des verrous, des politesses absurdes. Mais là j’ai vu les mains de Mireille, cette femme que je connaissais pas, j’ai vu l’arthrose dont je sais chaque bosse, la manière de refermer les doigts et de joindre les jambes, et tant de détails, tant de détails… et j’ai éclaté en sanglots". C'est par ces mots, postés sur son compte Instagram, que la journaliste et écrivaine Sophie Fontanel a exprimé le choc et la peine ressentis après le meurtre de Mireille Knoll, 85 ans, vendredi soir.
"Comme si on laissait les juifs avec ce choc". Le corps de cette octogénaire a été lardé de coups de couteau, avant d'être partiellement brûlé. Deux hommes ont été mis en examen pour "homicide volontaire" à caractère antisémite. Sophie Fontanel a eu vent de l'information seulement lundi. "Sur les réseaux sociaux, je voyais énormément de gens dont je sais qu'ils sont juifs en parler, et beaucoup de personnes non-juives ne pas en parler. Pas parce qu'ils étaient méchants, mais comme si on laissait les juifs avec ce choc", a-t-elle expliqué à Patrick Cohen, mercredi dans la Matinale d'Europe 1.
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"Juste être un être humain". L'écrivaine est donc aller voir la photo de Mireille Knoll, s'est attardée longtemps sur le visage ridé de cette femme qui, à 9 ans, avait échappé de justesse à la rafle du Vel d'Hiv. "Un enfant, c'est innocent. Un vieillard, c'est innocent avec en plus tout son savoir. Ce qu'a dû vivre cette femme m'a fait éclater en sanglots. Je n'arrivais plus à arrêter de pleurer", a confié l'écrivaine. Pour elle, exprimer publiquement son soutien et sa compassion, "ce n'est pas être juif ou musulman, c'est juste être un être humain."