C'est l'autre drame qui a ému la France. Lors de l'hommage national rendu mercredi au colonel Arnaud Beltrame, abattu pendant l'attaque terroriste de Trèbes, Emmanuel Macron a acté à sa manière l'acte antisémite du meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire retrouvée poignardée et calcinée dans son appartement parisien vendredi. "Le meurtrier a assassiné une femme innocente et vulnérable parce qu’elle était juive", a-t-il déclaré depuis la cour des Invalides. Pourtant, aux yeux des enquêteurs, la situation est loin d'être aussi claire.
Un échange amical qui dérape. À ce stade, tout tient aux déclarations des deux suspects, qui s'accusent mutuellement. La justice, même si elle les a mis en examen pour homicide volontaire à raison de la religion, tente toujours de comprendre comment et pourquoi tout a basculé au deuxième étage du HLM dans lequel vivait l'octogénaire. Vendredi dernier, Yassine, un voisin de 20 ans, et Alex, son comparse rencontré en prison boivent quelques verres de porto avec la vieille dame. Yassine aurait alors prétendu que les juifs ont une bonne situation, ce que Mireille Knoll, qui vivait modestement, aurait contesté. Éclate alors un véritable déchaînement de violences qui a eu raison de la victime.
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"Un mobile antisémite qui n'existe pas". Qui a lardé le corps de la femme des onze coups de couteau révélés par l'autopsie ? Alex accuse Yassine d'avoir tué l'octogénaire en criant "Allah Akbar", élément accablant mais contesté par l'intéressé. "Il disait qu'elle était sa bienfaitrice. Il l'aidait à faire ses courses, elle lui donnait une petite pièce à l'occasion, c'était une voisine qu'il appréciait. Le religieux n'existe pas chez mon client ", rapporte auprès d'Europe 1 Fabrice de Korodi, l'avocat de Yassine, qui insiste également sur la collaboration de ce dernier avec les enquêteurs. "Il a révélé des informations décisives qui ont permis d'interpeller le second suspect dans la nuit de dimanche à lundi. Celui-ci est dans une situation de vengeance et a fait des déclarations excessives en évoquant ce mobile antisémite qui n'existe pas", assure encore le conseil.
La famille de Mireille Knoll n'avait jamais noté chez ce voisin un peu envahissant de comportement antisémite. Rien non plus du côté policier. À ce stade donc, le caractère religieux du meurtre reste seulement une hypothèse de travail dans une enquête qui ne fait que commencer.