Mobilisation en baisse, manifestant grièvement blessé à Paris : ce qu'il faut retenir de "l'acte 13" des "gilets jaunes"

Près de 4.000 gilets jaunes ont défilé dans les rues de Paris. © ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à

Selon le ministère de l'Intérieur, 51.400 personnes ont défilé samedi dans les rues de France, dont 4.000 à Paris, pour le treizième samedi de mobilisation des "gilets jaunes". 

Près de trois mois après le début de la contestation, les "gilets jaunes" espéraient relancer la mobilisation contre la politique d'Emmanuel Macron. Pour le 13e samedi de suite, ils ont donc arpenté les rues de Paris, mais également de dizaines de villes de France. Mais pour la troisième semaine consécutive, la participation était en baisse, et la journée fut une nouvelle fois marquée par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Europe 1 fait le point sur ce 13e acte des "gilets jaunes". 

51.400 personnes dans toute la France, 4.000 à Paris 

Les "gilets jaunes" n'ont pas réussi à enrayer la baisse de la mobilisation. Samedi dernier, lors de l'"acte 12", ils étaient 58.600 à défiler à travers la France, et 10.500 à Paris. Cette fois, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 51.400 personnes ont manifesté dans le pays, dont 4.000 à Paris. Une nouvelle fois, ces chiffres ont été contestés par les manifestants, et un comptage du "nombre jaune", publié sur une page Facebook du mouvement, faisait état de 111.010 personnes dans la rue à 18 heures. 

À Paris, un manifestant grièvement blessé, des heurts près du Champ-de-Mars 

Dans la capitale, la manifestation, déclarée en préfecture, s'est élancée dans la matinée de la place de l'Étoile. Après avoir emprunté les Champs-Élysées, puis le Quai d'Orsay, le cortège s'est rendu à l'Assemblée nationale, où des incidents ont éclaté à la mi-journée. Alors que des "gilets jaunes" tentaient de faire céder un mur de carton qui bloquait l'accès du Palais Bourbon, un manifestant, photographe "gilet jaune", a eu une main arrachée lors de ces heurts. C'est du moins ce qu'ont déclaré des street-medics, tandis que, de son côté, la préfecture de police de Paris a évoqué "quatre doigts arrachés". La victime, âgée d'une trentaine d'années, a été évacuée par les pompiers et transportée à l'hôpital. Les causes de la blessure demeurent incertaines, mais un témoin a notamment évoqué une "grenade de désencerclement", lancée par les forces de l'ordre que le trentenaire aurait voulu repousser d'un "coup de main". 

D'autres incidents ont émaillé le parcours du rassemblement parisien, qui devait mener les manifestants au Champ-de-Mars. Du mobilier urbain et des distributeurs de banques ont été vandalisés, et une dizaine de véhicules incendiés. Près de la Tour Eiffel, une voiture de la mission Sentinelle a aussi été brûlée. Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a exprimé son "indignation" et son "dégoût". 

Au total, selon la préfecture, 39 personnes ont été interpellées à Paris, tandis que le parquet a évoqué 21 personnes placées en garde à vue. La manifestation s'est terminée un peu avant 20 heures après dispersion par les forces de l'ordre. 

Mobilisation en baisse en régions, des heurts à Toulouse, Bordeaux et Lyon 

Dans des dizaines de villes, des milliers de manifestants ont encore battu le pavé samedi. Des mobilisations souvent accompagnées de heurts. Si à Marseille, 1.500 personnes ont manifesté dans le calme, des incidents ont éclaté à Toulouse et Bordeaux où manifestaient respectivement 6.000 et 5.000 "gilets jaunes", selon une source policière auprès de l'AFP. À Bordeaux, 18 personnes ont été interpellées, et les forces de l'ordres comptent 12 blessés dans leurs rangs, selon la préfecture. Dans la ville d'Alain Juppé, les accrochages ont démarré dans l'après-midi et les policiers ont du faire usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour répondre aux jets de bouteilles et de pétards. Dans la Ville rose, une personne a été blessée et onze interpellées. Un bilan en baisse dans une commune où les heurts ont été réguliers en marge des cortèges depuis le début du mouvement. 

À Saint-Etienne, huit policiers ont été blessés par des jets de projectiles, tandis que onze personnes ont été interpellées dans des petits groupes de manifestants. De 14 heures à 17 heures, 500 "gilets jaunes" avaient manifesté dans le calme.  

La tension est également montée crescendo à Lyon, où des heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordre, qui ont empêché à plusieurs reprises le cortège d'entrer dans le centre-ville. Selon la préfecture, qui refuse de communiquer une estimation de la participation, 22 personnes ont été interpellées, et 13 étaient placées en garde à vue en fin d'après-midi. 

Des marches ont également eu lieu, parfois émaillées d'incidents et d'affrontements, à Lorient, Caen, Dijon, Lille et Metz, ou encore Nantes, La Roche-sur-Yon et Rennes. 

Maxime Nicolle, un "gilet jaune" bloqué à la frontière italienne

À Nice, un rassemblement appelait les "gilets jaunes" de Paca à un rassemblement à la frontière italienne, en présence de Maxime Nicolle, l'un des visages médiatiques du mouvement, et ce alors que les relations entre les gouvernements français et italien se sont fortement dégradées. Plusieurs dizaines de personnes dont le surnommé "Fly Rider", ont pris la route de Vintimille pour tenter de bloquer l'autoroute côté italien. Mais, bloqués par les gendarmes au péage de la Turbie, ils ont dû emprunter la route de la côte et sont arrivés vers 15 heures à Menton, où les forces de l'ordre les ont empêchés de franchir la frontière.

 

Selon Nice-Matin, les forces de l'ordre ont disposé un camion en travers de la route pour empêcher tout accès. Maxime Nicolle a donc assuré qu'il allait porter plainte "lundi ou mardi" pour "entrave à la circulation sur le territoire européen". "Dans un pays comme le nôtre, limiter les libertés à ce point, c'est très grave. On est en train de bloquer le passage à la frontière à des citoyens, ça sort de tout cadre légal", a-t-il assuré au micro d'Europe 1.