78 policiers blessés, dont 3 grièvement, des dégradations, et 214 personnes interpellées… les violences en marge de la quatrième journée de mobilisation contre la loi Travail sont montées d’un cran jeudi. Le Premier ministre a fermement condamné ces dérapages, tandis que Bernard Cazeneuve, en déplacement à Strasbourg, s'est exprimé sur le sujet dans la journée.
Des manifestations légitimes. "Des manifestations, y compris avec des violences de ce types, existent depuis des décennies", rappelle au micro d’Europe Midi Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de Gauche, une formation qui appelle à la mobilisation contre la loi El Khomri . "Heureusement, on n’empêche pas pour autant de manifester, surtout quand les manifestations sont légitimes par rapport à une loi Travail qui continue d’être refusée et repoussée par un grand nombre de syndicats et d’organisations de jeunesse, et ,si on en croit les sondages, par une majorité de Français", relève-t-il.
La responsabilité du gouvernement. Pourtant, face aux débordements et aux éléments violents, les organisateurs semblent aujourd’hui dépassés. Mais pour ce conseiller régional d’Ile-de-France, la responsabilité incombe d’abord au gouvernement. "Il y a une façon d’utiliser les forces de police […] Aujourd’hui, le gouvernement utilise les forces de police, qui sont déjà exténuées par l’état d’urgence, de façon très répressive avec des techniques qui consistent, comme place de la Nation, à empêcher toute la manifestation de sortir, ce qui fait que vous avez inévitablement un processus d’endiguement, de répression et de provocation qui n’est pas bon", analyse-t-il.
Pour ce responsable, le gouvernement, en tentant de faire passer une loi fortement contestée dans un contexte difficile, a aiguisé les crispations : "Le premier responsable c’est le gouvernement [...] Ceux qui sont dépassés par les événements, c’est ceux qui imposent un état d’urgence, qui imposent une loi qui est rejetée par le plus grand nombre, et qui devraient retirer cette loi. On est dans un contexte extrêmement grave où le chômage ne cesse d’augmenter, où la crise et la précarité ne cessent d'augmenter."
Un nouveau rassemblement. Dimanche 1er mai, la traditionnelle marche pour la fête du travail sera l'occasion d'une nouvelle mobilisation à laquelle Eric Coquerel n'entend pas renoncer : "Nous manifesterons", promet-t-il. "J’espère que cette fois-ci, il y aura d’autres façons d’utiliser les forces de police…"