Dmitri Rybolovlev, patron de l'AS Monaco, a été inculpé mercredi à Monaco, comme trois autres personnes, dans le cadre de la retentissante affaire d'escroquerie présumée qui l'oppose à son ancien marchand d'art suisse Yves Bouvier. Le ou les chefs d'inculpation précis visant le milliardaire russe n'ont pas été précisés. Il a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire, comme les trois autres inculpés : son avocate Tetiana Bersheda, et le fils et l'épouse de l'ex-garde des Sceaux de Monaco Philippe Narmino, a-t-on précisé au parquet de Monaco, confirmant une information de Nice-Matin.
"Les faits pour lesquels il est entendu reposent (...) sur l'exploitation du téléphone portable de son avocate", ont précisé hier dans un communiqué Me Hervé Temime et son confrère Thomas Giaccardi, les avocats du Russe, qui n'ont de cesse, depuis la saisie de ce téléphone, de dénoncer une atteinte au secret des correspondances de l'avocat
Ses avocats contestent l'exploitation d'un téléphone. Le portable de Me Tetiana Bersheda avait été saisi dans la bataille médiatico-judiciaire opposant Dmitri Rybolovlev à Yves Bouvier, le premier accusant le second de l'avoir escroqué d'un milliard de dollars, avec la complicité de leur amie commune Tania Rappo, en appliquant des marges exorbitantes lors de la vente de tableaux. À l'appui de cette plainte pour escroquerie déposée début 2015, Me Bersheda avait elle-même produit un enregistrement de Tania Rappo, contestée par celle-ci.
Le juge d'instruction a alors fait extraire du téléphone l'intégralité des messages qu'il contenait, ce que les avocats de Dmitri Rybolovlev considèrent comme illégal. "Un recours devant la cour de révision de Monaco est en cours à cet égard", ont-ils rappelé mardi.
Rybolovlev déjà inculpé pour "complicité d'atteinte au droit au respect de la vie privée". Publiés dans la presse française, des SMS tirés du téléphone de Me Bersheda ont fait scandale à Monaco, semblant démontrer que Dmitri Rybolovlev aurait profité des apparentes bonnes relations de son avocate avec les dirigeants de la police monégasque et avec Philippe Narmino, alors garde des Sceaux de la Principauté, pour piéger Yves Bouvier.
Du statut de plaignant et accusateur, le patron de l'AS Monaco, le club de football champion de France 2017, est passé en octobre 2017 à celui de mis en cause, inculpé pour "complicité d'atteinte au droit au respect à la vie privée". L'exploitation du téléphone de Me Bersheda avait aussi entraîné l'ouverture d'une enquête contre X pour trafic d'influence et le départ anticipé du garde des Sceaux Philippe Narmino.