Plus de 20.000 personnes se sont rassemblées mardi, pour dénoncer les violences policières à l'initiative des proches d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 lors de son arrestation. Ce rassemblement, interdit par la préfecture, avait lieu dans un contexte particulier : celui des manifestations organisées aux États-Unis après la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc la semaine passée. "Aujourd'hui, quand on se bat pour Georges Floyd, on se bat pour Adama Traoré", a ainsi lancé Assa Traoré, la soeur aîné d'Adama Traoré. Faut-il pour autant comparer les situations françaises et américaines ?
Au micro d'Europe 1, Jean-François Amadieu, sociologue à l’université Paris 1 et spécialiste des discriminations, estime lui qu'"il n'y a pas le même fond de racisme généralisé" dans la police française, même si "ces comportements peuvent exister".
"Les situations ne sont pas exactement comparables", estime ce spécialiste, rappelant que "le taux de mort en raison des interventions de la police est beaucoup plus élevé aux États-Unis qu'en France". Selon Jean-François Amadieu, "scientifiquement, aux Etats-Unis, on a très bien établi qu'il y avait des comportements racistes lors des arrestations. C'est un élément qui joue beaucoup et qui explique que le taux de mortalité des Noirs est beaucoup plus élevé qu'en France".
Des comportements racistes de la police en France "peuvent exister"
En France, estime-t-il, des cas existent, mais "on a du mal à les quantifier". Et l'approche de la police française "est moins raciale que liée aux quartiers, à la jeunesse, au look des jeunes", explique-t-il encore. "C'est ce qui a été établi dans plusieurs études, menées notamment à la Gare du Nord et à Châtelet", à Paris. Par rapport aux États-Unis, "il n'y a pas le même fond de racisme généralisé", insiste Jean-François Amadieu, tout en précisant que "ces comportements peuvent exister".
Pour le sociologue, un autre problème existe en France, "celui de la lenteur de la justice, et du fait que les parquets et l'Inspection générale de la police nationale ne sont pas très diligents". Au moment de la crise des "gilets jaunes", par exemple, "il y a eu énormément de dossiers dans lesquels on ne peut pas dire qu'on ait été très rapide quand il y a eu des dérapages et des usages disproportionnés de la force". Cette situation "affaiblit la position des forces de l'ordre", conclut le sociologue.