C'est avec "beaucoup de tristesse" que Jean-Luc Romero a appris dimanche la disparition de Marie Humbert, à l'âge de 63 ans, des suites d'une longue maladie. En 2003, elle avait aidé son fils Vincent, tétraplégique, à mourir et relancé le débat sur la fin de vie. Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), s'est battu à ses côtés pendant plusieurs années. Au micro d'Europe 1, il a témoigné de la passion de l'engagement de Marie Humbert.
De "grands moments de militantisme". "Ce que je retiens d'elle, c'est que c'était une amoureuse de la vie. Je me souviens des fous-rires qu'on a pu avoir ensemble. Et de tous ces grands moments de militantisme", a-t-il confié sur notre antenne. "Marie et son fils Vincent ont beaucoup apporté, puisqu'ils ont enfin fait prendre conscience aux politiques qu'on mourrait mal dans notre pays, que plein de choses n'étaient pas prévues. Ça a suscité la première loi qui, malheureusement, ne répond pas du tout à ce que Marie réclamait à l'époque", souligne-t-il.
Cette loi est celle dite Leonetti, du nom du député Jean Leonetti qui l'a proposée au vote du Parlement. Votée en avril 2005, elle a instauré un droit au "laisser mourir", mais sans permettre l'euthanasie active. Les médecins peuvent décider collégialement "de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie".
"Une question dans le débat public". Insuffisant pour les militants "acharnés" comme Marie Humbert ou Jean-Luc Romero. Pour autant, il fait valoir que le combat porté par Marie Humbert a permis de forcer le dialogue sur cette question éthique et complexe. "Depuis une quinzaine d'années, la fin de vie est une question qui est dans le débat public. Jusqu'alors, c'était une espèce de tabou dans le milieu politique. C'est pour que plus jamais il n'y ait de Vincent Humbert qui souffrent dans ces conditions que Marie a dédié une grande partie de sa vie pour une autre loi".