Le ministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants) a qualifié jeudi "d'avancée" et de "pas positif", la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans la mort sous la torture du militant communiste Maurice Audin pendant la guerre d'Algérie.
La décision du président Emmanuel "Macron concernant la reconnaissance par la France de l'assassinat de Maurice Audin est une avancée", a déclaré le ministre Tayeb Zitouni, à la télévision privée Ennahar TV.
"Ces crimes ne peuvent être niés que par un ignorant de l'Histoire". Selon l'agence d'État APS, il a également qualifié cette démarche de "pas positif louable", y voyant "une preuve qu'il y aura davantage de reconnaissances" des crimes commis par la France durant la guerre d'Algérie (1954-62).
Ces crimes "ne peuvent être niés que par un oublieux et un ignorant de l'Histoire", a encore estimé Tayeb Zitouni, assurant par ailleurs à Ennahar TV que "le dossier de la mémoire entre la France et l'Algérie" serait "traité avec sagesse par les deux pays".
Emmanuel Macron s'est rendu chez la veuve de Maurice Audin. Maurice Audin, assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du Parti communiste algérien, suspecté d'aider le Front de libération nationale (FLN), a été arrêté, probablement par des parachutistes français, le 11 juin 1957, en pleine bataille d'Alger. Sa trace se perd dix jours plus tard. L'explication officielle de sa disparition,"évasion au cours d'un transfert", n'a jamais convaincu ses proches, qui auront dû attendre jusqu'en 2013 l'ouverture des archives de l'affaire.
Jeudi, le président français Emmanuel Macron s'est déplacé au domicile de la veuve de Maurice Audin, Josette Audin, 87 ans, pour lui remettre publiquement une déclaration reconnaissant que la disparition de son mari avait été "rendue possible par un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement". Par ce document il "reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté, ou torturé à mort".
De nombreux contentieux liés à la colonisation demeurent. Emmanuel Macron franchit ainsi un nouveau pas dans le délicat travail de mémoire sur la guerre d'Algérie, alors que les relations, intimes et compliquées, entre Alger et Paris restent empoisonnées par une série de contentieux liées à la colonisation.
Lors d'une visite à Alger en décembre, Emmanuel Macron avait promis la restitution à l'Algérie de crânes d'Algériens ayant combattu la colonisation à la fin du XIXe siècle, entreposés au Musée de l'Homme à Paris et la remise d'une copie des archives de la période coloniale.
En 2012, son prédécesseur François Hollande avait reconnu, lors d'un déplacement à Alger, "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien", ajoutant que "pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal".