La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles a décidé jeudi de maintenir en détention provisoire le policier auteur du tir mortel sur Nahel à Nanterre le 27 juin lors d'un contrôle routier, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Ce motard de la police a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué jeudi dernier. Incarcéré à la prison de la Santé à Paris, il est apparu en visioconférence lors de l'audience de la chambre de l'instruction.
Les informations principales :
- Le policier auteur du tir est maintenu en détention provisoire
- 20 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi
- Le policier auteur du tir mortel sur Nahel nie lui avoir dit "tu vas prendre une balle dans la tête"
Pour Macron, "la première réponse, c'est l'ordre, le calme et la concorde"
La président Emmanuel Macron a souligné jeudi que "la première réponse, c'est l'ordre, le calme et la concorde", après le "moment important dans la vie de la nation" qu'ont constitué les émeutes consécutives au décès du jeune Nahel à Nanterre.
"Nous avons tous vécu un moment important dans la vie de la nation, donc on va continuer de travailler. D'abord la première réponse, c'est l'ordre et le calme, la concorde et ensuite c'est de travailler sur les causes profondes", a déclaré le chef de l'Etat à Pau où il rencontre les élus, dont le maire François Bayrou qui est un de ses principaux alliés.
"Qui avait pu prévu ce qu'il s'est passé", s'interroge le Président. Et d'ajouter : "D'évidence, nous avons un problème d'autorité dans la société, qui commence par la famille."
"La nuit dernière l'a montré, on est revenu à peu près à une situation normale", s'est réjouie de son côté la Première ministre Elisabeth Borne, également en déplacement, à Lisieux (Calvados) dans le quartier de Hauteville, touché par les violences urbaines. "On reste naturellement extrêmement vigilants en réduisant très progressivement nos dispositifs de sécurité", a-t-elle ajouté, se disant aussi "déterminée à ce qu'il n'y ait aucune impunité pour les auteurs de ces violences".
Retour au calme confirmé, 20 interpellations en France
Le retour au calme après une semaine de violences urbaines consécutives à la mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier, s'est confirmé dans la nuit de mercredi à jeudi, avec 20 interpellations, selon un bilan du ministère de l'Intérieur. Un bâtiment a été "incendié ou dégradé" en France et un membre des forces de l'ordre a été blessé, a précisé le ministère dans ce bilan encore provisoire.
Un total de 81 incendies ou tentatives d'incendies ont aussi été comptabilisés sur la voie publique, en majorité des feux de poubelles. 55 véhicules ont été incendiés. Dans la nuit de mardi à mercredi, 16 interpellations, huit bâtiments et 78 véhicules incendiés avaient été recensés.
Depuis le 28 juin, "1,5 tonne" de mortiers d'artifice a été saisie en région parisienne et "54.000 engins" pyrotechniques ont été saisis à Besançon, s'est félicité le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un tweet mercredi soir. 11 personnes ont été interpellées dans ce cadre, a-t-il ajouté.
Le policier auteur du tir mortel sur Nahel nie lui avoir dit "tu vas prendre une balle dans la tête"
Le policier auteur du tir mortel contre Nahel a nié devant l'IGPN avoir prononcé la phrase "tu vas prendre une balle dans la tête", écrit jeudi le journal Le Parisien, qui s'est procuré un compte-rendu des déclarations de l'agent. Lors de son audition par l'Inspection générale de la police nationale, Florian M., 38 ans, a assuré avoir hurlé à Nahel de couper le contact et confirme avoir à plusieurs reprises frappé le pare-brise de la voiture "afin d'attirer l'attention du conducteur", relate le Parisien, citant les mots du policier.
Il conteste en revanche avoir jamais dit à l'adolescent : "tu vas prendre une balle dans la tête". Après étude d'une vidéo filmée par un témoin et largement diffusée sur les réseaux sociaux, l'IGPN explique entendre Florian M. crier "Coupe, coupe", parlant ensuite d'une troisième voix "pouvant être attribuée" au collègue de Florian M. qui aurait elle bien crié : "Tu vas prendre une balle dans la tête", selon le rapport consulté par le Parisien. De son côté, Florian M. déclare que, le 27 juin, il en est à "son neuvième jour de travail consécutif".
Avec son collègue, il demande une première fois à Nahel, au volant d'une Mercedes "qui circulait dans la voie de bus", de se ranger pour un contrôle. L'adolescent est reparti "à pleine vitesse", a raconté le policier à l'IGPN, toujours selon Le Parisien. Après avoir rattrapé le véhicule, Florian M. dit s'être mis en position de "tir fichant" pour, selon lui éviter de tirer n'importe où et viser le bas du corps de Nahel au cas où il aurait besoin d'ouvrir le feu, rapporte encore le quotidien.
Florian M. a la conviction de voir son collègue passer "le haut du corps dans l'habitacle" et se sent "acculé", coincé entre le véhicule Mercedes et un muret situé dans son dos. Il a justifié son tir, le premier et unique coup de feu de sa carrière, au prétexte qu'il pensait que son collègue avait toujours le corps dans l'habitacle du véhicule et dit avoir craint que l'adolescent "ne l'embarque" dans sa fuite.
Ce collègue, également interrogé, a dit qu'il n'avait "que son bras" dans la voiture, écrit Le Parisien, selon lequel les deux agents ont été confrontés par l'IGPN. Le deuxième agent ne se prononce pas sur la légalité du tir de son collègue, ne l'ayant pas vu agir puisque son attention était concentrée sur Nahel, rapporte Le Parisien.