Deux jours après la mort de Nahel, tué par un policier après un refus d'obtempérer, des violences urbaines ont éclaté partout en France. Avant cette affaire, depuis les années 1990, plusieurs cas de jeunes tués après avoir été contrôlés ou poursuivis par la police ont provoqué des émeutes en France.
Depuis 30 ans, des émeutes urbaines liées à la mort d'un jeune contrôlé ou poursuivi par la police ont régulièrement éclaté en France, à l'instar de celles suivant le décès tragique à Nanterre de Nahel , 17 ans.
Années 1990
À Vaulx-en-Velin, dans le Rhône, le décès le 6 octobre 1990 d'un jeune homme paralysé des jambes et passager d'une moto percutée par une voiture de police avait provoqué trois jours d'émeutes faisant la une de la presse nationale. Dès 1979, des émeutes dans la même ville avaient lancé le débat sur la nécessité d'une politique nationale de la Ville, qui aboutira à la création d'un ministère à part entière fin 1990.
>> LIRE AUSSI - Mort de Nahel : après deux nuits de violences, l'état d'urgence est-il sur la table ?
Dans les années qui suivent, d'autres quartiers en banlieue parisienne connaissent des échauffourées après des morts violentes : Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne en décembre 1997, des cités de l'Essonne - la Grande Borne à Grigny et les Tarterêts à Corbeil-Essonnes - en septembre 2000, Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) en décembre 2001.
À Toulouse, en décembre 1998, la mort d'un adolescent tué par un policier alors qu'il tentait de voler une voiture déclenche trois jours de violences dans plusieurs quartiers sensibles.
État d'urgence en 2005
La mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré , électrocutés dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en tentant d'échapper à la police, déclenche trois semaines de violences urbaines à travers la France, entre le 27 octobre et le 17 novembre 2005.
>> LIRE AUSSI - EN DIRECT - INFO EUROPE 1 - Mort de Nahel : le Raid, la BRI et le GIGN engagés en réserve jeudi soir
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, 274 communes sont touchées. Lille, Lyon, Toulouse, Marseille : les banlieues de toutes les grandes villes sont concernées.
Le gouvernement décrète le 9 novembre l'état d'urgence dans plusieurs villes, une première en métropole depuis la guerre d'Algérie .
2007 : Villiers-le-Bel
Deux adolescents sont tués à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) dans la collision de leur mini-moto avec une voiture de police le 25 novembre 2007, déclenchant deux nuits d'échauffourées. Une centaine de policiers sont blessés, certains par des tirs d'armes à feu, et les incidents se propagent à d'autres villes du département.
2010 : Grenoble
La mort d'un braqueur de 27 ans, dans la nuit du 15 au 16 juillet 2010 à Grenoble, lors d'échanges de tirs avec la police, provoque trois nuits de violences dans son quartier de la Villeneuve. Les forces de l'ordre sont visées par des tirs à balles réelles.
2016 : Val-d'Oise
Adama Traoré , 24 ans, meurt le 19 juillet 2016 à Persan (Val-d'Oise) après son arrestation dans le cadre d'une opération visant son frère soupçonné d'extorsion de fonds. Suivent plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise, d'où le jeune homme était originaire, et dans les communes voisines. De premières autopsies mettent en évidence la piste d'une asphyxie sans établir avec certitude la cause du décès. Une nouvelle expertise judiciaire exonère les gendarmes au printemps 2020, la famille conteste.
2018 et 2019 : Nantes puis Grenoble
Des violences urbaines secouent plusieurs quartiers de Nantes pendant quatre nuits, après la mort d'un jeune de 22 ans, tué par un policier lors d'un contrôle le 3 juillet 2018.
Trois soirées d'émeutes dans le quartier Mistral de Grenoble font suite aux décès de deux adolescents, dans un accident de scooter dans la nuit du 2 au 3 mars 2019 alors qu'ils étaient poursuivis par la police.