Dans les universités, le mouvement de contestation s'étend et se durcit même par endroits. Comme à Nanterre, Montpellier, Toulouse et Lille, une vingtaine de facs sont partiellement ou totalement bloquées en France. L'école des hautes études en sciences sociales (EHESS), les cours sont aussi suspendus depuis mardi. A Tolbiac, au sud-est de la capitale, cela fait maintenant trois semaines que le site est occupé. Échauffourées avec les CRS, cocktails molotov retrouvés dans la fac, Tolbiac, marquée à gauche, se veut clairement le bastion de la contestation. A l'intérieur des murs, on essaie d'organiser la lutte.
"C'est historique". C'est par une échelle posée contre les grilles du bâtiment que des dizaines d'étudiants de Tolbiac et d'ailleurs, des lycéens, des militants, pénètrent dans les murs de la fac. Tout le rez-de-chaussée est occupé, les amphis sont pleins nuit et jour. Tolbiac est l'exemple à suivre, disent plusieurs étudiants, assis en groupe sur les marches de la cour. Jaspal de Oliveira, la présidente de l'Union nationale des étudiants de France (Unef), est enthousiaste : "On est en train de voir comment se réorganiser pour continuer à tenir. C'est historique, on n'a jamais vu ça. J'ai l'impression que tous les jours, des gens se mobilisent et ça se construit."
Mais les débordements n'échappent pas à l'organisation, comme il y a deux jours, quand Buon Tan, député LREM du 13eme arrondissement a tenté de passer les grilles pour dialoguer. "J'ai d'abord été aspergé de sucre. Ensuite quelqu'un est venu dans notre dos nous asperger de jus de tomate. Et surtout, quelqu'un est ensuite venu arracher ma tablette de mes mains avant de partir en courant. J'ai l'impression qu'ils cherchaient un petit incident pour que ça dérape."
Objectif convergence des luttes. Des cellules de médiation ont été mises en place à Tolbiac pour éviter ces violences et rester concentré sur un objectif : la convergence des luttes contre toutes les réformes dites de casse sociale d'Emmanuel Macron.
"On ne veut pas vivre dans un monde de merde"
A l'école des hautes études en sciences sociales, dans le 6eme arrondissement de Paris, des étudiants comparent leur lutte à celle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. "Pour beaucoup d'entre nous, l’expérience de la ZAD a été hyper inspirante. Attaquer la ZAD comme le fait le gouvernement, c'est, pour nous, attaquer l'ensemble du mouvement social", explique un étudiant.
Il est suivi dans ses propos par un ami : "Et des zones à défendre, il n'y en a pas qu'une : Bure, NDDL, d'autres à venir. Il y a toute cette logique de prendre des espaces verts, fertiles, agricoles et de les transformer, de les bétonner dans une logique de compétitivité. Mais il y a toute une crise écologique qui s'ajoute à la crise sociale. On touche au travail, à l'éducation, à la terre. C'est ça aussi qui fait la convergence des luttes. On ne veut pas vivre dans un monde de merde."