Des agriculteurs guyanais en colère ont aspergé de lisier de porc les bâtiments de la préfecture, vendredi à Cayenne, nouvel épisode du mouvement de grogne sociale d'ampleur qui paralyse le territoire ultramarin depuis lundi.
Dizaine de barrages. Les manifestants avaient déjà déversé lundi du foin à l'intérieur de la Daaf (Direction de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt). Vendredi après-midi, ils ont aspergé de lisier de porc (surnommé "caca-cochon" en Guyane) les bâtiments de l'hôtel préfectoral. Une dizaine de barrages obstruent depuis jeudi une dizaine de ronds points stratégiques du littoral guyanais, bloquant notamment l'entrée de Cayenne.
Ecoles fermées. Ce mouvement de protestation regroupe pèle-mêle des salariés d'EDF, des collectifs contre l'insécurité, un collectif dénonçant l'insuffisance de l'offre de soins et les retards structurels en matière de santé ou encore des socio-professionnels et des transporteurs. Les manifestations et blocages ont notamment conduit Arianespace à ajourner le lancement de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire. Le rectorat a décidé de fermer les établissements scolaires jusqu'à nouvel ordre.
Washington déconseille la Guyane. Les Etats-Unis ont déconseillé vendredi à leurs ressortissants de se rendre en Guyane en raison de "larges manifestations de part et d'autre" du territoire ultramarin et "le long des routes qui mènent aux pays voisins du Suriname et du Brésil". Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé l'envoi d'"une mission interministérielle de haut niveau", qui partira samedi et sera conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ex-préfet de Guyane.
Réactions mitigées. "Nous étions parfaitement au courant de l'annonce de l'arrivée de la délégation au moment de notre action. C'est une manière de leur souhaiter la bienvenue mais surtout de les prévenir que nous ne voulons plus de baratin mais des solutions concrètes" a déclaré à l'AFP Jean Hubert François, président du syndicat des jeunes agriculteurs de Guyane. L'arrivée d'une délégation sans ministre a provoqué des réactions très mitigées en Guyane. Rodolphe Alexandre, le président de la collectivité territoriale, a qualifié sur Guyane 1ère cette initiative de "mépris pour la Guyane", au regard de l'ampleur de la crise.