Elle avait accusé son beau-frère avant de se rétracter. L'emploi du temps de Murielle Bolle, personnage clé de l'affaire Grégory, a été passé au crible, rapporte jeudi l'Est Républicain. Une analyste criminelle de la gendarmerie a étudié la période allant du 22 octobre au 10 novembre 1984 pendant laquelle la jeune fille, alors âgée de 15 ans, a été interrogée par les enquêteurs sur la disparition du petit Grégory.
En garde à vue, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche d'avoir enlevé Grégory, avant de se rétracter. Laroche avait été incarcéré puis relâché avant d'être tué d'un coup de fusil par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant, en 1985. Trois décennies plus tard, la justice soupçonne cette femme, aujourd'hui âgée de 48 ans, d'avoir participé à l'enlèvement et soutient que sa rétractation s'explique par des violences familiales subies à l'époque, ce qu'elle conteste.
De fortes "présomptions d'entente" au sein de la famille Bolle. Selon les résultats de l'analyse criminelle, il est très probable que Murielle Bolle ait subi des pressions de la part de sa famille, le 5 novembre. "Il existe de fortes présomptions d’entente au sein de la famille Bolle au sein de laquelle Marie-Ange Laroche (la femme de Bernard Laroche, NDLR) détient potentiellement un rôle prépondérant", note la gendarme analyste dans les colonnes de l'Est Républicain.
Une incohérence dans les propos du cousin ? Par ailleurs, le rapport s'est intéressé à la crédibilité des dires de Patrick F, le cousin de Murielle Bolle. Il avait affirmé en juin 2017 qu'il avait vu Murielle Bolle se faire lyncher par sa famille le soir du 5 novembre 1984. Selon l'analyse criminelle, le cousin de Murielle Bolle semble un témoin "crédible" mais certains de ces propos sont incohérents. Il affirmait ainsi qu'une équipe de télévision était présente lors du lynchage de la jeune femme. Or aucune trace d'un quelconque entretien filmé de Murielle Bolle n'a été diffusé le 5 ou le 6 novembre. Selon l'analyste criminelle de la gendarmerie, Patrick F. aurait pu soit inventer une partie de son témoignage, soit notamment confondre avec un autre entretien de télévision.
Qu'est-ce que ce logiciel AnaCrim ?
AnaCrim est un logiciel capable d'analyser des centaines de pièces de procédure. Le principe : les gendarmes entrent tous les éléments d'enquête (lieux, heures, témoignages…) dans une base de donnée, et celle-ci établit alors une chronologie des faits, dans le temps et l'espace. Depuis une dizaine d'années, le logiciel est utilisé par le Service central du renseignement criminel (SCRC) et toutes les unités de recherche de gendarmerie.
Il doit permettre d'apporter une vision globale et plus complète que celle des enquêteurs, pour déceler d'éventuelles failles ou incohérences dans un témoignage.