Naufrage dans la Manche : d'où viennent les bateaux des passeurs ?

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Lionel Gougelot / Crédits photo : SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Au moins douze migrants sont morts mardi quand l'embarcation sur laquelle ils tentaient de gagner l'Angleterre s'est disloquée, un drame qui fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début des traversées de la Manche sur des bateaux de fortune. Chaque jour, des centaines de policiers sont mobilisés sur le littoral pour les appréhender et saisir leur matériel.

Un hommage a été rendu mercredi à Calais aux 12 personnes décédées la veille en tentant de rallier clandestinement la Grande-Bretagne, alors que les autorités françaises pointent du doigt la politique migratoire de Londres. Dix femmes et deux hommes sont décédés après que leur bateau transportant plus de 60 passagers, notamment érythréens, s'est disloqué au large du Cap Gris-Nez mardi. 

Pour empêcher ces traversées clandestines, des moyens considérables sont déployés par les forces de l'ordre sur le littoral mais l'un des objectifs est de casser la logistique des passeurs, autrement dit : saisir les bateaux et moteurs avant qu'ils ne soient mis à l'eau.

Du matériel importé de Chine

Dans le petit village côtier d'Audresselles, François croise tous les jours ces migrants en attente d'une traversée vers la Grande-Bretagne. "Souvent, ils passent dans le village, c'est impressionnant car ce sont des groupes de 10-15 personnes, ils attendent les passeurs. Dans les dunes, vous retrouvez du matos", raconte-t-il au micro d'Europe 1.

Ce sont des filières clandestines internationales qui permettent de mettre ces bateaux pneumatiques, les moteurs et parfois même les gilets de sauvetage dans les mains des réseaux de passeurs. Du matériel importé de Chine qui transite par la Turquie et finalement livré par les trafiquants depuis les pays voisins de la France, explique Marc Allègre, responsable du syndicat Unité police à Calais et ancien membre de la police aux frontières.

"Notre seul moyen, ce sont les contrôles des véhicules"

"La plupart du temps, ce matériel arrive de l'étranger. D'Allemagne, de Belgique et ces gens-là arrivent en véhicule, déposent le matériel et repartent aussi vite. Notre seul moyen, ce sont les contrôles des véhicules un peu suspects qui roulent souvent la nuit, qui sont des plaques étrangères, des fourgons, des estafettes, des véhicules break. On contrôle les véhicules pour voir ce qu'il y a à l'intérieur et pour intercepter ce matériel avant qu'ils arrivent sur la plage", détaille-t-il.

La France a demandé à ses voisins de renforcer les contrôles en lien avec les enquêteurs d'Europol et d'Interpol afin d'être plus efficace dans le démantèlement de ces filières d'importation de matériel pour les réseaux de passeurs.