L'essayiste d'extrême droite Alain Soral a été condamné jeudi à Paris à 6.000 euros d'amende pour avoir publié et mis en vente sur son site une affiche jugée négationniste, diffamatoire et incitant à la haine envers les juifs. Le tribunal correctionnel de Paris a également condamné Julien Limes, responsable de la boutique en ligne de l'association présidée par Alain Bonnet - dit Soral - "Égalité et réconciliation", à 2.000 euros d'amende pour complicité de ces délits. Les deux hommes ont été, en outre, condamnés à verser solidairement 2.000 euros à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, partie civile et à l'origine de la plainte dans ce dossier.
Un dessin jugé stigmatisant par la justice. En cause, un dessin intitulé "Pornographie mémorielle" publié le 11 août 2014 et représentant une femme vêtue d'une guêpière, avec des étoiles de David sur la poitrine, debout devant une représentation de l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, tenant des pièces de monnaie dans une main et un soutien-gorge dans l'autre.
Une femme qui "marchande le souvenir de la Shoah". Le tribunal a relevé que cette femme aux étoiles jaunes symbolisait le judaïsme et que le dessin, mis en vente sous forme d'affiche ou d'autocollant, stigmatisait donc "l'ensemble de la communauté juive", accusée de "marchander le souvenir de la Shoah pour obtenir de l'argent". L'internaute venant sur le site "est manifestement incité à éprouver un sentiment d'hostilité et de rejet vis-à-vis de l'ensemble des personnes de confession juive", ce qui, pour la justice constitue bien une "provocation à la haine raciale".
Pas de situation de récidive. Enfin, le tribunal a relevé le caractère négationniste du dessin, qui tourne "en dérision les victimes juives de la Shoah" et "renvoie les crimes contre l'humanité dans le domaine de l'imaginaire et de l'illusion". Le parquet avait requis six mois d'emprisonnement contre Alain Soral, condamné en mars pour la première fois à de la prison ferme pour contestation de crime contre l'humanité, pour un dessin publié en 2016. Toutefois, la publication et mise en vente de l'affiche "Pornographie mémorielle", le 11 août 2014, étant postérieure, le tribunal a relevé qu'"à la date des publications litigieuses, les prévenus n'avaient pas d'antécédents judiciaires" et n'étaient donc pas en situation de récidive légale ce qui aurait pu conduire à un alourdissement de leur peine.