Pour les vivants il faut se reconstruire, et vivre avec le traumatisme. Parmi les témoins du drame de Nice, il y avait beaucoup d'enfants venus assister au feu d'artifice en famille. Ce soir-là, ils ont vu la mort en face.
"Il y avait des morts". Yanis et Ryan ont 8 et 9 ans. Avec leur mère, ils ont vu l’horreur de leurs yeux. Le 14 juillet, ils étaient sur la Promenade des Anglais et ont été frôlés par le camion fou. Depuis, ces deux garçons n’arrivent plus à trouver le sommeil. "J’ai vu qu’il y avait des morts par terre. Les policiers étaient en train de mettre un papier dessus. Il y avait des morts, des blessés, des corps et des familles qui pleuraient", raconte l’un d’eux à Europe 1. "Ça ne nous donne plus envie d’aller au feu d’artifice ou aux matches de foot", lâche-t-il.
"Ils ne dorment pas. Ils posent plein de questions. Je n’arrête pas de leur dire de ne pas y penser […] Moi-même je suis anéantie, comment voulez-vous que je fasse quelque chose pour mes enfants ?", déplore leur mère.
Ne pas refouler. Pour Hélène Baudouin, psychiatre, le sujet ne doit pas être passé sous silence : "On ne peut pas demander d’oublier, on ne peut pas demander de refouler. Les enfants ont tout compris, il faut les laisser s’exprimer. Il faut du temps et de la place pour la parole, sans nécessairement la provoquer, surtout au moment du coucher", explique la spécialiste. Le risque d’un refoulement est d’autant plus grave chez l'enfant qu'il risque de rendre, plus tard, l’évacuation du traumatisme bien plus difficile.