Les associations Roya Citoyenne et Tous Citoyens! ont réclamé mardi du gouvernement la désignation d'"un médiateur" face à l'afflux de migrants africains à la frontière franco-italienne et à l'"inaction" des pouvoirs publics locaux.
Pour aider aux demandes d'asile. "On demande au ministre de l'Intérieur de nommer un nouveau préfet ou un médiateur", a déclaré Cédric Herrou, l'un des porte-parole de Roya Citoyenne, lors d'un point presse devant la gare de Nice où il accompagnait 80 migrants, en majorité soudanais, pour les aider dans leur pré-demande d'asile. Parmi eux, Ali Ridwan Faize, 20 ans. Ce fils d'enseignant, s'exprimant en anglais, a expliqué avoir fui les combats dans sa région du Nil Bleu (sud-est) en 2015, via la Libye. C'est la troisième fois en quinze jours que des dizaines de migrants viennent à Nice entamer une démarche d'asile, sans pouvoir s'abriter ailleurs que dans un parc fermé le soir.
Demande de concertation. "On attend que l'Etat joue son rôle", a interpellé Cédric Herrou. "Les gens ne sont pas des cartons, des paquets, ils doivent être traités en tant que personnes". "On ne peut pas continuer comme çà (...) On veut un centre d'accueil", a renchéri Maître Mireille Damiano, avocate de l'association. La préfecture a confirmé avoir reçu une demande d'audition interassociative, sans suite pour l'instant. "Le préfet (condamné fin mars pour atteinte au droit d'asile, ndlr) ne joue pas son rôle. On demande une vraie concertation (...) On risque d'avoir un flux continu durant l'été, comment allons-nous faire ?", a interrogé le militant David Nakache.
"120 à 150 migrants par semaine". Depuis fin 2015, la frontière franco-italienne est fermée et les contrôles sans cesse renforcés, y compris la nuit, les forces de l'ordre intervenant avec des équipements infra-rouges et un drône. Il arrive néanmoins "120 à 150 migrants par semaine en ce moment", selon Roya Citoyenne, devenue la cible de critiques du Front national et de la droite locale. "Chez moi c'est devenu un camping. Je fais le rôle de l'Etat et je me fais insulter par beaucoup de politiques", a déploré Cédric Herrou, qui a croisé mardi le candidat FN aux législatives Olivier Bettati en gare de Breil-sur-Roya, "venu dire que j'étais un passeur". "Il faut que les gens comprennent que la gestion d'une migration se fait par l'accueil", complète l'agriculteur. Paradoxalement, "les seules personnes dont on sait qu'elles arrivent (identifiées, ndlr) sont celles que nous encadrons", dit-il.
Le 19 juin, Cédric Herrou sera rejugé en appel à Aix-en-Provence à la demande du parquet de Nice qui le poursuit pour aide à l'immigration clandestine. En février, il a été condamné à une peine légère d'amende avec sursis.