Dans un entretien au Journal du Dimanche, publié le 24 juillet, Sandra Bertin, qui était en charge de la vidéosurveillance le soir de l'attentat de Nice, affirmait avoir été "harcelée pendant une heure" le lendemain par un commissaire envoyé, selon elle, par le cabinet du ministre de l'Intérieur. "On m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", a-t-elle avancé en expliquant avoir dû "physiquement renvoyer du centre de supervision urbain (CSU) l'émissaire du ministère".
Une fonctionnaire de police rattachée à la sécurité publique. Pourtant, cette policière municipale se trompe quand elle assure avoir parlé à une personne du cabinet du ministre. Europe 1 a pu consulter la copie du courriel par lequel elle a transmis son rapport à sa fameuse interlocutrice, ainsi qu'à sa hiérarchie, et si ce courriel a bien été envoyé le 15 juillet, à 17h35, il est adressé à une fonctionnaire de police qui ne fait pas du tout partie du cabinet de Bernard Cazeneuve. Il s’agit en vérité d’une commissaire de police travaillant à l'état-major de la direction centrale de la sécurité publique.
Aucune information sur le dispositif de sécurité. Son rôle consiste à centraliser les informations sur tous les principaux faits qui surviennent en France, dans le but de transmettre des notes internes à son directeur central et au directeur général de la police. C'est ce qu'on appelle la "remontée d'information". Une procédure quotidienne, pratiquée sur tous types d'affaires. Et si la commissaire a demandé une version "modifiable", ce n'est pas pour falsifier quoi que ce soit, explique la direction de la police, c'est simplement pour pouvoir faire du copier-coller, et reprendre tels quel des éléments transmis par la police municipale dans la note d'information de la sécurité publique.
Surtout, dans le fameux rapport signé par la policière municipale, il y a la description très détaillée et minutée du carnage, mais aucun élément sur le dispositif mis en place par la police municipale et de la police nationale. D'ailleurs, il faut bien le préciser, cette note d'information n'est qu'un document interne à la police. Il n'a pas de valeur juridique : peu importe son contenu, il n'a aucune incidence sur la procédure judiciaire.
Un signalement au procureur. Dimanche soir, Sandra Bertin, visée par une plainte du ministre de l'Intérieur pour diffamation, confirmait sa version des faits sur le plateau de France 2. Lundi après-midi, l'avocat de la policière municipale a annoncé auprès de l'AFP avoir déposé un signalement des faits au procureur de la République de Nice, laissant à ce dernier la liberté de les qualifier.