Aucun tramway ne circulait à Nice vendredi, les conducteurs ayant exercé leur droit de retrait au lendemain de la condamnation d'un de leurs collègues pour la mort d'un passager en 2015 après un freinage d'urgence, a-t-on appris auprès de la CGT et de la régie municipale.
La mort d'un retraité, touché à la tête. Lors de l'accident survenu en avril 2015, un retraité de 76 ans avait glissé sur plus cinq mètres dans la rame, et sa tête avait heurté un poteau. Il était mort après cinq jours d'hospitalisation. Le conducteur a été condamné à six mois de prison avec sursis, alors que son avocat, son syndicat et même le parquet et la famille de la victime avaient demandé au procès une réouverture de l'enquête pour examiner le système de freinage et l'éventuelle responsabilité du constructeur Alstom, de la régie municipale et des autorités de tutelle ayant validé le fonctionnement des rames.
"La direction s'est arc-boutée". Quelques heures après la condamnation du conducteur, la CGT a obtenu la réunion en urgence d'un comité d'hygiène et de sécurité extraordinaire (CHSCT). "Puisqu'on sait que maintenant on risque une condamnation, on veut que la responsabilité soit endossée par le directeur général et ne porte plus sur les chauffeurs", a expliqué Guillaume Diciara, secrétaire CGT à la régie municipale Lignes d'Azur. "La direction s'est arc-boutée pour dire qu'elle ne veut pas reconnaître l'existence d'un danger grave et imminent et 100% des conducteurs exercent dès lors leur droit de retrait", a-t-il ajouté.
Le système de freinage en cause ? La CGT exige aussi "un calendrier de modification du système de freinage et la suppression du système de veille automatique dans un délai raisonnable". Ce système de veille, en cours d'abandon sur certains tramways de France, oblige le conducteur à presser sur son volant toutes les 1 à 10 secondes sinon une sonnerie stridente se déclenche puis un freinage automatique brutal qui démultiplie les risques de faire tomber les passagers dans la rame. La direction de la régie municipale a simplement confirmé la tenue de cette réunion et le droit de retrait exercé par les conducteurs sans faire de commentaire.
Un accident similaire à Montpellier. Depuis l'accident de Nice, les rames n'ont pas été modifiées. La mairie a toutefois commandé un matériel différent pour les futures lignes 2 et 3. Sortie des usines Alstom à partir de 1997, la gamme Citadis équipe une vingtaine de villes françaises. Un accident similaire à celui de Nice s'était produit à Montpellier en 2012.