La loi mobilité, promulguée la semaine dernière, prévoit que les départements qui souhaitent repasser de 80 à 90 km/h sur certaines routes départementales le pourront. Mais dans les faits, les contraintes sont drastiques et le surcoût non négligeable. À tel point que certaines collectivités abandonnent l'idée.
Bientôt le retour des panneaux 90 km/h sur les routes de nos départements ? C'est en tout cas la possibilité laissée par la loi mobilité, promulguée jeudi dernier. Désormais, ce sera aux présidents des collectivités de décider s'ils souhaitent rester à 80 km/h sur les routes départementales concernées, ou bien retourner à 90. Comme 25 autres départements, la Haute-Marne optera pour un retour aux 90km/h. "Tous les feux sont au vert ici", se félicite Nicolas Lacroix, président LR du département. "Les plots en ciment sont coulés, les panneaux sont achetés, les mâts sont prêts à être posés."
Mais ce retour en arrière n'est pas simple. Les départements doivent d'abord obtenir l'accord de la commission de sécurité routière et respecter des règles strictes : le tronçon concerné doit faire au moins 10 kilomètres, sans arrêt de transport en commun, ni intersection, ni interdiction de dépasser. Et cela a un coût. "C'est 100.000 euros pour le département", reconnaît Nicolas Lacroix. "Mais à comparer aux 30 millions qu'on injecte chaque année sur notre réseau départemental. Finalement, ce n'est pas grand chose pour répondre favorablement aux hauts-marnais qui nous ont demandé de [revenir aux 90 km/h] dès qu'on a compris qu'un retour en arrière était possible."
"Les contraintes sont drastiques"
Le discours n'est pas le même dans les Alpes-Maritimes. "Les contraintes sont tellement drastiques, le surcoût que cela entraînerait pour le contribuable tel, que cela rend quasiment impossible un retour aux 90 km/h", regrette Charles-Anges Ginésy, le président LR du département. Sans compter que le gouvernement a bien prévenu : la responsabilité est prise par la collectivité locale, et la règle reste celle des 80 km/h. Ici, la vitesse ne changera donc pas, mais ce n'est pas de gaieté de cœur. "Nous sommes sur une mystification", s'insurge Charles-Anges Ginésy. "Le gouvernement nous dit qu'on a la possibilité de le faire en nous mettant dans l'impossibilité de le faire. Tout cela fait que nous sommes découragés."
Même Nicolas Lacroix reconnaît d'ailleurs que la situation n'est pas "satisfaisante". Le retour aux 90 km/h est "un juste retour des choses" mais "on va avoir un réseau routier à deux ou trois vitesses en France. On n'aurait jamais dû en arriver là."