Nordahl Lelandais père en prison : comment les visites sont-elles encadrées ?

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Sylvain Allemand // Crédits : LUDOVIC MARIN / AFP

Nordahl Lelandais est devenu père il y a deux mois alors qu'il était toujours emprisonné pour les meurtres de Maëlys de Araujo et d'Arthur Noyer. Une révélation qui remet en question l'encadrement des visites dans les établissements pénitentiaires. Parloirs séparés et ordinaires ou encore les Unités de vie familiale, comment les visites sont-elles encadrées en France ? 

Le 12 janvier dernier, l’opinion publique a appris que Nordahl Lelandais était devenu papa d’un petit garçon il y a deux mois. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2022 , le meurtrier a pu entretenir une relation alors qu’il était incarcéré. L’inculpé a profité des visites afin d’avoir un rapport avec la mère de son enfant. Une naissance qui laisse songeur sur les conditions de visite aux détenus. En France, les individus incarcérés peuvent recevoir trois catégories de personnes : celles justifiant d’un lien de parenté, celles attestant d’un projet familial commun et celles faisant partie du cercle familial. Les rencontres peuvent prendre place dans trois endroits différents. 

Des visites surveillées 

Les premiers, les plus connus, sont les parloirs avec une vitre séparant le visiteur et le prisonnier. Pour parler, les deux personnes doivent se servir d’un hygiaphone. Ce dispositif vitré est conçu pour résister à toutes les formes de vandalisme. Il a pour but d’empêcher les contacts physiques entre le détenu et son visiteur. Il assure aussi un rôle hygiénique en évitant les projections pathogènes. Malgré leur notoriété, principalement due à leur apparition dans des séries policières, ces parloirs sont réservés à un nombre limité de détenus. Seuls ceux faisant l’objet de mesures disciplinaires ou ceux pour lesquels la prison redoute un incident sont contraints de recevoir leurs proches dans des parloirs avec hygiaphone.  

Les autres détenus bénéficient eux de parloirs ordinaires. Leurs dispositions changent en fonction des établissements pénitentiaires. Les visites prennent place, soit dans une salle commune où sont rassemblés l’ensemble des visiteurs avec les détenus visités, soit dans des cabines individuelles fermées dont les portes sont vitrées et dans lesquelles les individus sont seulement séparés par une table. Les différentes formes des parloirs ordinaires sont constamment placées sous la tutelle du personnel de l'établissement, épaulé par un système de vidéosurveillance.

Malgré cet arsenal, des relations sexuelles peuvent arriver dans les boxes. "La population carcérale est jeune et alerte sexuellement. Les rapports sont compliqués à endiguer, car ça peut aller très vite", détaille à Europe 1, Jean-Pierre Bouchard, criminologue.

Des unités de vie familiale pour favoriser la réinsertion

Pour une intimité complète, les détenus peuvent demander à rencontrer des visiteurs dans des unités de vie familiale (UVF). Selon l’Observatoire national des prisons , il s’agit "d’appartements meublés de type F2 ou F3, situés dans l’enceinte pénitentiaire, mais à l’extérieur de l’espace de détention. Les personnes détenues peuvent y recevoir un ou plusieurs proches pendant une durée comprise entre 6 et 72 heures".

Ces "parloirs" sont équipés d’un séjour avec coin cuisine équipé permettant de préparer un repas, d’une ou plusieurs chambres et de sanitaires. Selon une note  de la direction de l'administration pénitentiaire, les UVF servent à "établir ou rétablir une relation affective, dans des conditions d’intimité plus favorables et sur un temps plus long que dans le cadre de parloirs classiques". 

Les visites ont lieu sans le personnel de surveillance. Le détenu et ses proches organisent librement leur temps au sein du dispositif. "Dans les UVF, il n’est pas du tout rare qu’il y ait des relations sexuelles", affirme Jean-Pierre Bouchard. De plus, toutes les personnes incarcérées peuvent bénéficier d’une unité de vie familiale au moins une fois par trimestre, sous réserve d’une autorisation délivrée par un magistrat ou par le chef de l’établissement pénitentiaire. En 2022, il existait 131 salons familiaux dans 38 établissements pénitentiaires en France.