Le lundi et le jeudi, c'est distribution de pains au cœur de la ZAD. La table déborde, mais il faut faire vite. "La distribution commence à 5 heures, mais déjà les trois-quarts du pain sont partis", constate Camille*, l'un des cinq boulangers qui tournent sur les 1.600 hectares de terrain qu'occupent, depuis plusieurs années, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Ce métier, il l'a appris sur place, depuis cinq ans. "Il y a une vraie transmission de savoirs, que ce soit ici à la boulangerie, dans les jardins de plantes médicinales ou dans la gestion du bois. L'expérience est incroyablement riche. On arrive à penser les choses ensemble", se réjouit le militant.
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Proposer un autre modèle de vivre-ensemble. Sur place, en plus du pain, les zadistes cultivent leurs légumes, produisent leur viande, mais aussi leur bière, appelée "La bulle noire". C'est Lucas qui la brasse. Il est d'ailleurs en train de déclarer officiellement son activité pour pouvoir vendre sa production à l'extérieur de la ZAD, "pour que les gens qui vivent à l'extérieur, en ville, puissent aussi entendre parler de la ZAD autrement qu'au travers des flics et de la castagne", justifie-t-il. "On n'a pas envie de nous 'ghettoïser'. On est contre un projet d'aéroport, mais on est aussi là pour dire ce que l'on propose", assure le zadiste.
Installé sur le site depuis six ans, il est bien décidé à rester, comme beaucoup ici. "Je suis en train de couler une dalle en béton, j'en ai pour quelques milliers d'euros. Mon bâtiment est en train d'être construit. On est chez nous", estime-t-il. Rester ici, tout en continuant à proposer un autre modèle, c'est ce que tous demandent en cas d'abandon du projet.
*Dans une volonté de "ne pas personnaliser prises de paroles et interviews", les Zadistes ont choisi de donner Camille comme prénom à tous leurs porte-parole.
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