Lundi, la cour administrative d'appel de Nantes a autorisé le début des travaux, contre l'avis du rapporteur public et à la surprise générale. Pourtant, ce n'est pas la fin de cet interminable dossier. Après ce jugement, les collectifs anti-aéroport vont rapidement former un pourvoi devant le Conseil d'État. Deuxième frein : un contentieux européen. En effet, Bruxelles exige de la France un document permettant de mesurer l'impact global du projet sur l'environnement. Mais Paris n'encourt qu'une sanction financière. Sil existe donc encore des recours contre le projet, aucun n'est suspensif. Légalement, le chantier peut donc être lancé dès aujourd'hui.
L'Elysée déterminé à commencer. Et politiquement, le sommet de l'État semble prêt à donner le coup d'envoi de l’évacuation de la ZAD et du début des travaux. "Ce jugement conforte la détermination du gouvernement à mettre en œuvre le projet et à respecter le choix de la population lors de la consultation locale", a déclaré Manuel Valls dans un communiqué publié lundi après la décision de la cour administrative d'appel. Selon les informations d'Europe 1, ce communiqué a été écrit en accord avec l'Elysée. "Une orientation a été donnée par ce vote. Elle doit suivre son cours, coûte que coûte", indique l'entourage présidentiel. L'Elysée décidera de tout : de la date de début des hostilités comme du mode d'action.
Un précédent à ne pas reproduire. Reste à savoir s'il est matériellement faisable d’évacuer Notre-Dame des Landes, cette énorme zone bocagère de 1.650 hectares. Il y a quatre ans, l’opération César - alors que Manuel Valls était ministre de l'Intérieur - avait été un véritable fiasco. Près de 2.200 CRS et gendarmes mobiles avaient alors été déployés pour un résultat nul. Des dizaines de personnes avaient été blessées et les forces de l’ordre avaient dû battre en retraite, des rumeurs faisant état de la présence d’activistes armés sur la ZAD. Quatre ans plus tard, les anti-aéroport ont eu le temps de se préparer. Les Zadistes ont musclé leur présence sur la zone. Ils n’étaient que 100 à 150 l’été dernier, ils seraient actuellement entre 400 et 500, d'après nos informations, et certains d’entre eux ont piégé le terrain. L'opération est donc particulièrement risquée.
Les Zadistes promettent une guérilla mais aussi la présence de centaines de tracteurs encerclant des fermes expulsables. Le jour où l'État déclenchera l’intervention policière, les anti-aéroport annoncent des blocages partout en France dans les lieux de pouvoir, étudiants et lycéens en action pour que "la police et le gouvernement soient débordés". Des menaces susceptibles de faire réfléchir en haut lieu à quelques mois de la présidentielle.
Une opération lancée à l'automne ? Manuel Valls a répété à maintes reprises que l'opération allait débuter au cours de l'automne, d'ici le 20 décembre. Or, de très gros effectifs de forces de l'ordre vont devoir être déployés partout en France dès le début de ce mois de décembre pour les fêtes de fin d'année. Une intervention programmée pas avant le début de l'année prochaine n'est donc pas à exclure.