En tenues estivales, les militants ont commencé à converger dès le milieu de la matinée sur le lieu de ce 17ème rassemblement organisé chaque été par les anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, formant un attroupement épars dans le vaste champ bordé de dix chapiteaux et d'une cinquantaine de stands associatifs et politiques, dans une ambiance paisible voire assoupie, avec l'éloignement ces prochains mois d'une intervention policière sur le site.
"On voit que les gens sont plus décontractés, beaucoup disent que ce sera peut-être une dernière fois qu'on fera une fête de lutte comme ça", assurait l'agriculteur Sylvain Fresneau, qui a prêté ce terrain situé en bordure de la ZAD - la zone d'aménagement différé dédiée au projet, rebaptisée "zone à défendre" par les opposants - et expropriable par le groupe de BTP Vinci, concessionnaire du futur aéroport, en vue d'élargir les routes communales.
"On est plus sereins." "On est moins sous pression, plus sereins. On espère qu'à la fin de l'année, il y aura une issue, positive pour nous", a ajouté l'exploitant agricole, expulsable avec sa famille depuis janvier 2016.
"Un calme trompeur"
Malgré un climat moins tendu que lors de l'édition 2016, deux semaines après le vote des habitants de Loire-Atlantique en faveur de la construction du nouvel aéroport nantais et les promesses réitérées d'évacuer les occupants du site, la Coordination des opposants, qui regroupe soixante structures, espère mobiliser autant que les 25.000 personnes réunies selon elle il y a un an.
"On reste très attentifs." "C'est un peu plus calme, mais c'est un calme trompeur. On attend de voir la suite, mais on reste très attentifs", a résumé Marie-Jeanne, paysanne à la retraite qui a fait "10 heures de route" depuis l'Alsace pour montrer sa "motivation profonde" à voir le projet abandonné. Laurent, militant breton, craint lui avec cette médiation "une entourloupe de plus".
Voulue par le président Emmanuel Macron pour, enfin, trancher ce projet vieux de cinquante ans, qui a empoisonné le quinquennat de François Hollande, la mission confiée le 1er juin pour six mois à trois médiateurs doit permettre au gouvernement de prendre une décision "claire" et "assumée" sur ce projet d'aéroport, déclaré d'utilité publique en 2008 et qui aurait dû initialement être inauguré en 2017.
"Pour l'instant, on participe"
"Pour l'instant, on participe, mais on ne garantit pas d'aller jusqu'au bout si on se rend compte que les dés étaient pipés", a expliqué Anne-Marie Chabod, coprésidente de l'Acipa, la principale association d'opposants qui n'avait pas pris part à la "commission du dialogue" mise en place début 2013 par l'ex-Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault.
"On a l'impression d'une recherche de vérité." "C'est la première fois qu'on a l'impression d'une recherche de vérité, qu'on a un Premier ministre qui, plutôt que de donner des coups de menton 'On vide la ZAD et on démarre les travaux', dit que toutes les hypothèses sont sur la table", a-t-elle souligné.
Les représentants de la Confédération paysanne et du Cédpa, un collectif d'élus prônant le réaménagement de l'actuel aéroport nantais, ont salué à la tribune dans la matinée "l'écoute attentive" et la "méthode de travail" des trois médiateurs, qui "distinguent les faits des opinions" et organisent des "réunions contradictoires" entre partisans et opposants sur les principaux sujets à controverse.
"Les paysans luttent depuis 1972, depuis 45 ans contre ce projet d'aéroport. (...) Que le résultat (de la médiation) soit favorable ou pas, la lutte n'est pas terminée. Si en décembre, ils décident d'abandonner le projet et d'évacuer la ZAD, il faudra continuer à lutter ici", a rappelé au nom de la Coordination des opposants Dominique Fresneau, avant de lancer les deux jours de forums et de débats de ce rassemblement "festif et militant".