Notre-Dame : l’Église vent debout contre la proposition de Rachida Dati de faire payer l’entrée

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Louise Sallé / Crédit photo : Eric Broncard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à

Faire des économies, c'est l'obsession du gouvernement. Au ministère de la Culture, Rachida Dati a proposé ce jeudi de faire payer l'entrée de Notre Dame de Paris pour financer le plan de sauvegarde du patrimoine religieux. 5 euros l'entrée pour 75 millions d'euros de recettes. Mais l'idée ne séduit absolument pas le diocèse de Paris.

La cathédrale Notre-Dame de Paris rouvre ses portes le 7 décembre prochain, après cinq ans de travaux. La ministre de la Culture, Rachida Dati , interrogée par Le Figaro, propose de faire payer 5 euros l'entrée aux visiteurs , tout en autorisant les fidèles à venir prier gratuitement. L'objectif, grâce à cet argent : financer un "grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux".  

Mais le diocèse de Paris, en charge de l’édifice, s’oppose fermement à cette idée. Dans un communiqué publié jeudi, cette institution rappelle que les églises catholiques de France sont vouées à rester gratuites. 

"C'est un peu incompréhensible"

"La sauvegarde du patrimoine religieux mérite une réflexion concertée", pointe ainsi le diocèse de Paris dans son communiqué. L’institution n’aurait pas été consultée par la ministre Rachida Dati, sur son idée de monnayer l’accès aux touristes.

"Pour nous, c'est un peu incompréhensible. On n'en a jamais parlé avec elle", déplore Philippe Marsset, évêque auxiliaire de la capitale. "Et ça n'a jamais été une question, car même si ça nous arrangerait, puisque cet argent pourrait servir à faire des travaux, ce n’est pas du tout notre mission", poursuit l’évêque.

"On ne met pas l'argent en premier, on met la relation à Dieu en premier. À l’occasion d’une visite gratuite de Notre-Dame, un touriste peut se poser la question de la religion ou de la foi", ajoute Philippe Marsset.

Une position de l’Église catholique française 

Dans les églises, le diocèse rappelle que "tout homme et toute femme" est "accueilli de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite, indépendamment de sa religion ou de sa croyance, de ses opinions et de ses moyens financiers". Cette position de l’Église catholique française remonte à la loi de 1905 sur la séparation entre l’Église et l’État, qui attribue aux communes la responsabilité de payer l’entretien des églises. Ainsi, "la visite des édifices est publique et ne peut donner lieu à aucune taxe ni redevance", précise la loi. 

Dans son communiqué, le diocèse de Paris  souligne par ailleurs qu’il serait difficile, dans la cathédrale, de séparer l’entrée payante des touristes de celle des fidèles venus simplement prier. "À Notre-Dame, pèlerins et visiteurs n’ont jamais été distingués : les offices sont célébrés pendant les visites, et les visites se poursuivent durant les offices", est-il expliqué.

Mais d’autres pays européens ont l’habitude de faire cette distinction . C’est le cas en Espagne, à Barcelone, où l’entrée de la Sagrada Familia coûte 26 euros. Et au Royaume-Uni, à Londres, où le ticket pour visiter la cathédrale Saint-Paul s’élève à environ 30 euros. D’après la ministre, payer 5 euros l’entrée de Notre-Dame rapporterait à l’État 75 millions d'euros par an. Une somme qui pourrait servir à la sauvegarde d’édifices religieux en péril.