Après les problèmes de programmes au collège, ce sont les nouveaux programmes de maternelle qui posent problème. Modifiés presque intégralement, ils doivent entrer en vigueur en septembre prochain, sauf que la majorité des instituteurs n'a pas été formée. Les nouvelles méthodes pédagogiques induites par ces nouveaux programmes ne sont donc pas maîtrisées par les enseignants. Dans une enquête publiée jeudi, le Syndicat d'enseignants du primaire, le SNUIPP, détaille ces lacunes en formations. Et réclame une meilleure organisation.
Pourquoi les programmes changent ? La nouvelles est passée quasiment inaperçue, mais les programmes de maternelle ont été totalement réécrits. Une démarche visant à corriger un gros défaut : l'école maternelle ressemblait de plus en plus à la primaire, ou tout au moins au CP. Les élèves se retrouvent en effet souvent avec leurs papiers et leurs crayons à la main, assis au bureau, alors qu'ils n'ont pas l'âge de le faire. Si dès la maternelle, les élèves peuvent effectivement s'initier au son et à l'écrit, les méthodes pédagogiques appliquées actuellement ne sont pas adaptées à leur âge.
Qu'est-ce-qui va changer ? Les nouveaux programmes, qui prévoient de mettre l'accent sur le français, appelé le langage en classe de maternelle, visent donc à corriger cette dissonance. Partant du constat que les élèves français ne sont pas à l'aise à l'oral, par rapport aux élèves américains, ces nouveaux programmes vont insister davantage sur le vocabulaire et l'expression orale. Et ce dès le plus jeune âge.
"Tout cela ne s'improvise pas". Sauf que les instituteurs affirment qu'ils n'ont pas été formés, qu'on ne leur a pas appris ces nouvelles méthodes. C'est ce qui ressort d'une enquête publiée jeudi par le SNUIPP. Selon eux, 24 instituteurs ont été formés pour l'instant à ces nouveaux programmes. "Seulement 4% des enseignants de maternelle ont bénéficié, au plus, de trois heures de formation sur ces nouveaux programmes. C'est dire l'indigence de la formation continue proposée. Dans n'importe quel métier quand on intègre de nouveaux savoirs, de nouvelles techniques, on forme les professionnels. Et ce n'est pas le cas de l'Education nationale qui n'a pas du tout programmé une formation de haut niveau", estime Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, contacté par Europe 1.
De son côté, le ministère de l'Education nationale répond que cette formation peut se faire en enseignant, c'est-à-dire en le testant en classe et on se forme entre-deux le mercredi après-midi. Mais les instituteurs, eux, ne semblent pas vraiment à l'aise avec cette conception de la formation. "Tout cela ne s'improvise pas. Il faudrait, au minimum, une semaine pour qu'ils puissent s'approprier ces nouveaux programmes. Quand on ne forme pas les enseignants à des nouveaux savoirs, ils continuent d'appliquer les anciens programmes. On ne peut pas laisser les enseignants toujours seuls", rétorque encore Sébastien Sihr.