Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont exprimé leur mécontentement après des déclarations de la mission Valls sur l'avenir institutionnel de l'archipel disant leur préférence pour son maintien dans la France.
"Tout l'appareil d'État va être aligné derrière les loyalistes". "La mission vient de fendre l'armure en prenant position ouvertement contre l'indépendance et de placer ses travaux dans un cadre qui devient partisan", a réagi Louis Mapou, chef du groupe UNI (Union nationale pour l'indépendance-FLNKS) au Congrès dans les colonnes des Nouvelles-Calédoniennes. Le leader indépendantiste a déclaré avoir "l'impression que tout l'appareil d'État va être aligné derrière les loyalistes pour défendre le maintien au sein de la République". Alors que le président Emmanuel Macron devrait se rendre sur le Caillou en mai, Louis Mapou s'est interrogé : "Va-t-il venir pour déclencher la campagne du 'non' au référendum ?"
La mission n'est pas là pour "dire ce qu'on doit faire". Même son de cloche du côté de Roch Wamytan, président du groupe UC-FLNKS du congrès, qui considère que la mission Valls est sortie de son rôle. "Ils sont là au nom de l'Assemblée nationale pour informer, pas pour dire ce qu'on doit faire. C'est la population calédonienne qui doit décider, laissons-là faire", a-t-il déclaré.
Valls et Jacob favorables au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République. Actuellement en déplacement sur le territoire, Manuel Valls, président de la mission d'information sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie de l'Assemblée nationale, et le député Christian Jacob (LR), rapporteur, ont tous deux exprimé publiquement leur "attachement" au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République.
Ils ont fait ces déclarations à l'occasion d'un débat mardi soir avec le public calédonien dans l'enceinte du congrès dans le cadre d'un déplacement jusque vendredi dans l'archipel avec trois autres membres de la mission. "Je suis très attaché à ce lien entre la Nouvelle-Calédonie et la France et je souhaite que la Nouvelle-Calédonie reste avec la France", a déclaré l'ancien Premier ministre, souhaitant que l'exécutif apporte lui aussi son "propre éclairage".
Un "impair". Secrétaire général de Calédonie ensemble (droite modérée) et président de la Province sud, Philippe Michel a pour sa part considéré que Manuel Valls avait commis "un impair", qui vient "compliquer une situation qui l'est déjà bien assez". "Nous pensons que si l'État marque sa préférence pour une solution ou une autre, on coupe court à toute discussion et on engendre des crispations", a-t-il déclaré.
Un référendum sous tensions. Au plus tard en novembre prochain, un référendum sur l'accession à la pleine souveraineté sera organisé en Nouvelle-Calédonie, dans le cadre de l'accord de Nouméa (1998), qui a mis en place un processus de décolonisation par paliers. Cette échéance ravive les différends entre loyalistes et indépendantistes dans un territoire où la paix entre les populations européenne et kanak demeure précaire.