Nouvelle-Calédonie : partir ou rester ? Après le chaos, le dilemme des Calédoniens d’origine européenne

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Caroline Baudry, envoyée spéciale d'Europe 1 en Nouvelle-Calédonie // Crédits : Delphine Mayeur / AFP

Après trois semaines de violences sur l’archipel, la population de la Nouvelle-Calédonie est traumatisée et abattue. Un nouveau dilemme, qui agite désormais les esprits des Calédoniens d’origine européenne : faut-il quitter l’archipel ? 

Un douloureux dilemme. Après trois semaines de violences sur l’archipel, la population de la Nouvelle-Calédonie est traumatisée et abattue. Beaucoup se posent la question d'un futur départ. "On ne soupçonnait absolument pas cette crainte. C’était vraiment la chasse aux blancs", témoigne auprès d'Europe 1, Eric, qui ne lâche pas des yeux ses enfants qui jouent sur la plage. Deux d'entre eux sont nés sur l'archipel et sa famille vivait dans une maison achetée il y a un an et demi. Pourtant ce Breton, arrivé il y a dix ans, a décidé de quitter la Nouvelle-Calédonie.

"Les coups de feu étaient à 100 mètres de chez nous. Quand les maisons ont brûlé, on a appelé le 17 le 18, à plusieurs reprises, et tous disaient : 'On ne peut pas intervenir, car la zone n'est pas sécurisée'. Avec ma femme, nous nous sommes rationnés pour que les enfants puissent manger à leur faim. C'est difficile de pouvoir se projeter après. On a vraiment été livrés à nous-mêmes", raconte-t-il. Le père de famille souhaite vendre son bien, situé dans un quartier populaire, l’un des plus ravagés. 

Partir pour aller où ? 

La terreur, Laurent l’a aussi vécue. L'homme a été menacé au revolver en plein jour et visé par un tir à blanc. Mais à 58 ans, pas question de quitter la terre qu’il foule depuis l’âge de 7 ans. "Pour aller où ? Faire quoi ? Ah ben, quand on a tout construit, on fait quoi ? On va vendre notre maison au rabais ? Ils sont chez eux, mais comme nous, nous sommes à égalité. Il y a plein d'indépendantistes qui, à cause de cette dérive de toute la jeunesse qu'il y a eu ces derniers jours, changent de discours, il y a encore de l'espoir", indique Laurent. "Et de la résistance", ajoute plus loin, le chef d’une petite entreprise. 

Pour lui, pas question de perdre le travail d’une vie et encore moins de subir le déracinement.