Les écoles face au risque d’attentat. Les enjeux en matière de sécurité sont ici énormes et pour y faire face, l’Education nationale veut appliquer une série de mesures à la rentrée 2016. Celles-ci vont venir compléter des circulaires qui datent de fin 2015. Sécurisation des espaces vulnérables, exercice grandeur nature, suivi des élèves radicalisés… Syndicats, professeurs des écoles et chefs d’établissements réagissent auprès d’Europe 1 à ces nouvelles contraintes auxquels ils doivent s’habituer.
Qu’est-ce qui est prévu ? Concrètement, le texte transmis aux préfets et recteurs demande de mieux sécuriser les "espaces particulièrement vulnérables des établissements scolaires" en identifiant les "travaux prioritaires". Autre mesure, déjà expérimentée, l’exercice grandeur nature. Trois exercices devront ainsi être organisés dans l’année - dont un an avant la Toussaint - et l’un deux portera sur "un attentat-intrusion". Contacté par Europe 1, le ministère de l’Education refuse d’en dire plus à ce sujet et renvoie à sa conférence de presse du 24 août. Enfin, les personnels de l’éducation sont appelés à un suivi des élèves radicalisés.
"On attendait une réaction et on se félicite que ça arrive". Face à cette série de nouvelles mesures, les syndicats majoritaires sont plutôt satisfaits. "On avait alerté le ministère il y a plusieurs mois, on attendait une réaction et on se félicite que ça arrive", explique François Portzer, président du SNALC (Syndicat National des Lycées et des Collèges). "C’est une prise de conscience enfin que les établissements scolaires sont des cibles", ajoute-t-il. Concernant l’exercice d’attentat-intrusion, Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN, le syndicat des personnels de direction, souligne que "partout où il a été fait, les élèves y adhèrent". "Il ne s’agit pas de jouer à se faire peur mais de déterminer quels sont les comportements à avoir face à un risque", complète-t-il.
"On n’est pas des stratèges de l’armée". Mais d’autres sont plus inquiets quant à la mise en œuvre de ces mesures. D’abord face au coût d’un tel dispositif. "On a déjà trois alarmes, celle de l’incendie, celle du confinement plus, celle, classique pour la fin des cours. S’ils en veulent une quatrième, pour l’attentat, une collègue parisienne me disait que cela coûtera environ 6.000 euros par établissement", peste Donatien Philippe, secrétaire national d’IDFO, le syndicat indépendant des personnels de l'Education nationale. Celui qui est aussi chef d’établissement dans l’académie de Poitiers s’alarme également de la mise en œuvre de l’exercice attentat-intrusion. "On nous demande des choses pour lesquelles on n’est pas formé. On n’est pas des stratèges de l’armée !", affirme-t-il. Si ce dernier comprend qu’il "faut faire des choses", il fait part de son "impuissance" face à cette "obligation de résultats".
L’inquiétude pour les tous petits. Et puis, il y a aussi la problématique des petits, ceux de maternelle et des primaires. Pour Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp, le syndicat des professeurs des écoles, il n’est pas question que quelqu’un se déguise et rentre avec une fausse arme dans l’établissement. "Le remède serait alors pire que le mal", tranche-t-elle. "Il faut rester dans des choses très générales. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre ne pas être dans le déni et en même temps ne pas créer de psychose", estime-t-elle encore. Selon elle, les remontées de ses collègues concernant les expérimentations montrent que "chez les plus jeunes, c’est compliqué car assez anxiogène". Si celle-ci attend des précisions sur la formation des professeurs, elle conclut : "il ne faut pas non plus que l’année scolaire tourne autour de ça".