"J'ai eu le malheur de lever la main…" Et Irma, franco-espagnole, s'est soudain retrouvée modératrice d'une des assemblées générales organisées quotidiennement dans le cadre du mouvement Nuit debout. "Ce n'était pas facile mais c'était impressionnant de voir toutes ces personnes d'accord pour discuter de tout", décrivait-elle vendredi au micro d'Europe 1, invitée avec plusieurs militants d'un Club de la presse délocalisé place de la République.
"C'est un rassemblement de citoyens qui savent qu'il se passe un truc", explique cette cadre de 39 ans, qui s'est également investie dans le mouvement des Indignados, en Espagne. Un mouvement spontané, structuré par des militants rompus à l'organisation de protestations, mais qui repose sur la volonté de chacun des participants. "Mardi matin, à 6 heures, on n'était trois, à aider les réfugiés", décrit de son côté Sébastien, étudiant en philosophie. "Là, j'ai compris que c'était un mouvement qui ne pouvait venir que de nous."
"Jusqu'à ce que la fatigue m'emporte". Tous récusent la moindre récupération politique. "Je suis indépendant", revendique Sébastien. "Il est important de distinguer ce mouvement citoyen d'une quelconque orchestration politique", renchérit Julie, étudiante de 25 ans, avocate en devenir. "On prend le pouvoir autrement", revendique-t-elle. "Si les élus ne peuvent plus nous représenter, alors il faut passer par une autre forme de politisation."
Chacun s'investit avec enthousiasme dans les nombreux débats menés place de la République, tout en se félicitant de voir le mouvement essaimer dans d'autres villes françaises et européennes. "J'ai l'intention de continuer jusqu'à ce que la fatigue m'emporte", revendique Irma. Et même lorsque la place se videra, Nuit Debout continuera à résonner, pour Julie : "Quand on commence à se poser ces questions, on ne peut plus les abandonner."