Nuñez : "La menace est essentiellement endogène, venant d'individus présents en France"

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Mathilde Durand , modifié à
Trois attentats en moins de quatre semaines : la France est en alerte maximale face à la menace terroriste. "La menace est essentiellement endogène", explique Laurent Nuñez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme sur Europe 1. 
INTERVIEW

L'assassinat du professeur Samuel Paty, l'attentat de la basilique Notre-Dame à Nice : la France connaît une nouvelle vagues d'attaques sur son sol. Trois en moins de quatre semaines, rappelle Laurent Nuñez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme sur Europe 1. Pour retrouver un tel niveau d'alerte, il faut remonter à l'été 2016, où quatre attaques avaient eu lieu en six semaines. La menace terroriste est à un niveau très élevé dans le pays actuellement. "Celle qui nous préoccupe, c'est la menace endogène, celle qui vient d'individus présents sur le territoire français", explique-t-il. 

Un contexte sociétal et international très tendu 

"La menace est essentiellement endogène. La menace projetée, comme nous l'avons connu lors des attentats du 13-Novembre, d'individus venus de zones, est moins probable, même si nous restons vigilants compte tenu du contexte, des appels à la haine contre la France", analyse Laurent Nuñez, qui rappelle le contexte actuel très particulier. 

L'ouverture du procès des attentats de janvier 2015, la republication des caricatures du prophète Mahomet, les réactions virulentes d'une partie du monde musulman sur la lutte contre les séparatismes, impulsée par une loi du gouvernement, ont accentué le risque. "Cette tension et cette propagande sont susceptibles d'inspirer un certain nombre d'individus de la mouvance 'endogène', qui sont présents sur le territoire national et qui passent à l'action en cédant à l'appel de ces propagandes dont certaines sont très explicites", poursuit le coordinateur du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. 

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Pour faire face, Laurent Nuñez distingue d'abord le temps de l'urgence avec l'élévation au niveau le plus haut du plan Vigipirate, niveau urgence attentat ou encore le renforcement du dispositif Sentinelle, passé de 3.000 à 7.000 hommes. Il rappelle la mobilisation totale des services de renseignement. "Nos services de renseignement échangent des informations et surtout resserrent les suivis des objectifs des individus connus pour radicalisation", énumère-t-il. "Nous priorisons l'action des services de renseignement sur l'action de la lutte antiterroriste en ce moment". 

107 visites domiciliaires depuis l'attentat de Conflans

Depuis 2017, environ 32 attentats ont été déjoués sur des cibles très différentes et fomentés par des profils divers. Les dernières attentats ont été perpétrés par des individus inconnus des services de renseignement. "Mais il n'en demeure pas moins qu'ils essaient de détecter ces menaces", assure Laurent Nuñez. "Cela montre toute la difficulté du travail des services, qui doivent parfois détecter des individus qui se radicalisent en un trait de temps et qui passent à l'action très rapidement."

L'ancien secrétaire d'Etat rappelle également les moyens, à plus long terme, employés à l'antiterrorisme : "des effectifs supplémentaires pour les services de renseignement, un suivi de chaque objectif, le suivi des détenus radicalisés ou condamnés faits de terrorisme effectué au plus fin, la mise en œuvre de la loi anti-terrorisme, votée à la fin de l'année 2017". Laurent Nuñez souligne également l'existence de visites domiciliaires, appelées perquisitions administratives durant l'état d'urgence. "Le ministre de l'Intérieur en a proposé 107, depuis l'attentat de Conflans, qui ont été validées par le juge". "Nous disposons des outils de droit commun qui nous permettent d'agir", assure le haut-fonctionnaire.