Œufs contaminés : "On est loin d'avoir toutes les informations sur ce scandale sanitaire"

  • Copié
A.H. , modifié à

Cinq entreprises françaises ont importé des oeufs contaminés, selon un nouveau bilan communiqué mardi. Mais selon l'ONG Foodwatch, on n'a pas encore pris la mesure de ce "scandale sanitaire".

Le scandale prend de l'ampleur. Mardi, le ministère de l'Agriculture a annoncé que des œufs contaminés au fipronil ont été importés des Pays-Bas et de Belgique par cinq entreprises françaises, selon un bilan actualisé. Un chiffre qui, "on le craint", pourrait augmenter dans les heures, les jours qui viennent, selon Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch, une ONG qui entend faire la lumière sur les pratiques nuisibles de l'industrie agroalimentaire. Invitée de la matinale d'Europe 1, elle tire la sonnette d'alarme.

"Pas de retraits massifs en France". "Les investigations sont en cours. On est loin, malheureusement, d'avoir toutes les informations sur ce qu'on appelle chez nous un scandale sanitaire", dénonce-t-elle. Ingrid Kragl s'inquiète notamment du manque d'informations depuis le début de la crise. "La Belgique admet qu'elle était au courant depuis le mois de juin, l'alerte au niveau européen a été lancée le 20 juillet en citant nommément plusieurs pays concernés, et là on est pratiquement à la mi-août et on s'aperçoit que pour l'instant, il n'y a pas eu de réactions massives en France. On peut s'en inquiéter, car dans d'autres pays, il y a eu des retraits massifs", souligne-t-elle. "En Hollande, où Foodwatch est implanté, les médias disent que le fipronil a été acheté et utilisé la première fois en 2016. La question se pose : depuis quand mange-t-on des œufs contaminés ? (…) Il y a une énorme opacité. On ne sait pas où ont fini ces produits, s'ils ont été transformés, vendus, consommés ?"

Un manque d'informations inquiétant. Pour Foodwatch, cette opacité est incompréhensible, et peut s'avérer dangereuse. "Pour l'instant, on sent bien que les autorités ne gèrent pas pleinement la situation. Il nous semble urgent d'avoir des réponses à la fois de la part des autorités, mais aussi de la part des industriels. On ne les entend pas beaucoup depuis le début de ce scandale. Or, ils ont des informations sur la traçabilité des ingrédients qui rentrent dans la composition de leurs aliments", souligne Ingrid Kragl. Lundi, le ministère avait rapporté que treize lots d’œufs contaminés au fipronil en provenance des Pays-Bas avaient été livrés dans l'Hexagone à deux établissements, l'un situé dans la Vienne et le second dans le Maine-et-Loire. Ces deux entreprises ont communiqué mardi, reconnaissant avoir utilisé des œufs contaminés à leur insu.

Les œufs bios également concernés. Les consommateurs doivent-ils s'inquiéter ? Certains scientifiques estiment que le risque est infime compte tenu de la quantité de fipronil retrouvée dans les œufs. Pour Foodwatch, cela ne passe pas. "Nous trouvons déplacé de minimiser les risques du fipronil, non pas pour céder à la psychose et alarmer les consommateurs, mais le fipronil ne devrait pas finir dans notre alimentation, et il y a de très bonnes raisons pour ça", maintient la directrice de l'information de Foodwatch. Par ailleurs, les œufs bios ne sont pas forcément un recours aux œufs conventionnels, selon Ingrid Kragl, qui s'appuie sur ses collègues hollandais. "Les huiles essentielles utilisées pour traiter les poules pondeuses par exemple, ont malheureusement été mélangées à du fipronil".