Juste avant la rentrée, Veolia, leader mondial du traitement de l'eau et des déchets, a annoncé vouloir racheter son concurrent historique Suez, en commençant par la reprise de l'essentiel des parts (29,9%) détenues par Engie. "Pour nos 90.000 collaborateurs, dont 30.000 en France, c'est la menace de pertes d'emplois", affirme Philippe Varin dans une interview au Journal du Dimanche.
"On ne peut pas annoncer 500 millions de synergies et dire qu'il n'y aura pas d'impact. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Si on regarde Alcatel-Lucent, LafargeHolcim, GE-Alstom, chaque fois, des promesses ont été faites. Chaque fois, il y a eu des plans sociaux après", poursuit-il.
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Entre les deux groupes, la bataille d'influence porte particulièrement sur l'emploi, sur lequel l'Etat, actionnaire de référence d'Engie, a prévenu qu'il serait vigilant sans pour autant s'opposer à l'opération. "Je compte bien convaincre le Premier ministre que sur le fond, ce projet a des failles. Il comporte de considérables risques d'exécution", avance M. Varin, qui parle d'une offre "très hostile" de Veolia.
"Je comprends tout à fait que le conseil d'administration d'Engie veuille traduire en cash sa participation dans Suez. Mais pour résoudre ce problème, la décision d'Engie sur la proposition de Veolia déterminerait le futur de Suez et consisterait notamment à démanteler le groupe Suez en France", déplore-t-il.
En début de semaine, le président d'Engie avait annoncé qu'il étudierait attentivement un "nouveau projet" de Suez s'il parvenait à lui présenter rapidement "une offre alternative". "Le management est en train de bâtir une solution alternative que le conseil (d'administration de Suez, ndlr) encourage. Les travaux sont en cours et, pour leur sérénité, je ne peux pas en dire plus", souligne Philippe Varin.