Olivier Houdé : "Le cerveau est à la fois universel et individuel"

© JONATHAN NACKSTRAND / AFP
  • Copié
A.D , modifié à
Le ministre de l'Education a mis en place un conseil scientifique chargé entre autres d'utiliser les neurosciences. Professeur de psychologie cognitive, Olivier Houdé explique ce qu'apporte la connaissance du cerveau à l’éducation.
INTERVIEW

Le ministre de l'Education, Jean-Michel Banquer, a installé mercredi soir un conseil scientifique dirigée par le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene, qui a pour tâche de se pencher sur le contenu des formations enseignantes et des manuels scolaires. Olivier Houdé, professeur de psychologie de l’enfant à l’Université Paris-Descartes et institeur, a expliqué dans la matinale d'Europe 1 en quoi les neurosciences pouvaient aider dans l'apprentissage.

Voir le cerveau qui apprend. Dans ce cadre éducatif, les neurosciences permettent entre autres, "grâce aux techniques d'imagerie cérébrale de voir à travers la boîte crânienne le cerveau in vivo (en vie)", explique le professeur. La technique donne ainsi l'occasion de voir le cerveau d'un enfant qui apprend. "Dans mon laboratoire du CNRS, nous explorons les mécanismes fins du cerveau dans tous les domaines d'apprentissage scolaire : lire, écrire, compter, penser, raisonner. Il y a là une réelle révolution pour la science et pour l'éducation", explique-t-il.

Le cerveau face aux tablettes. De manière pratique, ces expérimentations permettent de voir comment réagissent par exemple les enfants lors de l'utilisation de tablettes. A Paris, Olivier Houdé fait notamment utiliser cet outil informatique une quinzaine de minutes par jour dans des cas "de problèmes de mémoire, de lecture mais aussi pour apprendre à contrôler ses automatismes face à l'écran : ne pas répondre trop vite, réfléchir... Et on regarde ce qui se passe dans le cerveau avant et après un mois d'apprentissage. Beaucoup de découvertes se font ainsi. Et évidemment, le cerveau se reconfigure", souligne le spécialiste. "Le cerveau humain est extrêmement plastique, sensible à l'environnement."

Expliquer les difficultés et potentiels. Ce que l'on peut observer également, c'est "qu'il y a des lois très générales de fonctionnement du cerveau humain et en même temps, chaque cerveau est un peu différent. Le cerveau est à la fois universel et individuel. C'est comme les visages", compare le scientifique, qui décrit une configuration générale semblable entre individus et des traits reconnaissables pour chacun. "Nous ce qu'on étudie, c'est à la fois les invariants, ce qui est général dans le cerveau, par exemple le nombre de lobes, mais dans le détail, chaque cerveau est dessiné différemment. Le mystère à lever, c'est savoir en quoi ces petites différences individuelles expliquent les parcours cognitifs, les difficultés, les potentiels."

Les neurosciences à l'école, ça sert à quoi ? On vous explique en 1 minute :