Depuis un peu plus de deux ans, Yannick Noah exerce le rôle de chef de village dans une petite localité camerounaise, devenue depuis un quartier de la capitale Yaoundé. Une forme de retour aux sources pour celui qui a grandi dans ce pays d'Afrique équatoriale. Une nouvelle vie dont il raconte le quotidien sur Europe 1 dans un podcast inédit.
Champion de tennis, chanteur, capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis et aujourd'hui chef de village. Voici un peu plus de deux ans, Yannick Noah retournait vivre au Cameroun , pays dans lequel il a grandi après avoir vu le jour à Sedan dans les Ardennes. C'est à Étoudi, terre de ses ancêtres et de son enfance, rattachée depuis à la capitale Yaoundé, que l'ex-tennisman réside désormais. Un village dont il a hérité du statut de chef après le décès de son père en 2017. Au micro d'Europe 1, dans un podcast inédit , le vainqueur de Roland-Garros 1983 raconte ce nouveau quotidien auprès de la population locale.
À Etoudi, Yannick Noah représente une forme de pilier sur lequel les habitants s'appuient en cas de problèmes et de doléances. "Le dernier recours pour un interlocuteur, c'est de venir voir le chef du village. Et si je peux, je l'aide", assure-t-il. Un rôle fastidieux qu'il n'est pas toujours possible de mener à bien. "C'est infini les doléances. Les trois-quarts du temps, je ne peux pas", concède le principal intéressé.
"Tant qu'ils ne paient pas, ils meurent"
La plupart du temps, les demandes de la population sont liées à des problèmes de santé. "On n'a pas la carte vitale ici. Il y a des gens qui n'ont pas 300 euros pour payer une intervention. Et tant qu'ils ne paient pas, ils meurent. C'est comme ça que ça se passe ici", développe l'ancien champion. Et d'illustrer ce quotidien parfois chahuté par un exemple concret. "J'avais un jeune cousin. À 2h du matin, le réseau (téléphonique) revient et je vois dix appels de sa femme. Il était en train de mourir parce qu'il n'avait pas 200 euros. Si j'avais eu le message le lendemain, il était parti".
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À côté de ces doléances, Yannick Noah doit également assurer l'équipement matériel du village. "J'ai fait venir un container de fauteuils roulants, j'en ai distribué 35 qui sont partis en six mois. J'ai fait une petite infirmerie, un mini-dispensaire à la maison dans le village pour les premiers soins, où je peux donner des médicaments aux mamies et aux papys qui sont là".
"Joakim est l'héritier"
Un travail de tous les instants et un nouveau statut qui fut d'abord difficile à appréhender pour l'ancien capitaine des Bleus en Coupe Davis. "Moi je débarque de Paris là. J'étais à New-York longtemps et là tout d'un coup, papa part et je deviens chef. Moi c'était toujours Yann, "tonton Yann", "papa Yann". Et maintenant, c'est "Majesté". Ok, bon... Il faut que je joue le jeu", s'était-il dit à l'époque. S'agissant de l'avenir, Yannick Noah a déjà désigné celui qui lui succéderait à la tête du village. "Joakim est l'héritier, point barre. Voilà, c'est fait. C'est mon fils aîné, c'est Joakim, il est spirituellement connecté à ici. Il était très proche de papa, comme tous mes enfants d'ailleurs". Une tradition familiale que l'intéressé compte bien voir perdurer.
Pour écouter en intégralité le récit intime et rare de Yannick Noah sur les moments les plus forts de sa vie, retrouvez le podcast "Yannick Noah, entre vous et moi" produit par Europe 1 Studio sur votre plateforme d’écoute préférée .