Le passage de juillet à août est traditionnellement le théâtre d’un immense chassé-croisé sur les routes, entre ceux qui reviennent de vacances et ceux qui y partent. Mais c’est aussi malheureusement le week-end où un très grand nombre d'animaux sont abandonnés sur les routes. Et cette année, le phénomène prend une ampleur inédite, en raison de la crise sanitaire, durant laquelle beaucoup de Français ont pris un animal de compagnie. Face à cet état de fait, le président de la Société protectrice des animaux (SPA) appelle les personnes qui estiment n'avoir plus d’autre choix de se rendre dans un refuge de son association. "On préfère que les gens viennent nous les abandonner", confirme Jacques-Charles Fombonne sur Europe 1.
"La consigne, c'est de ne jamais faire la morale aux gens. Ça ne sert à rien, ça les culpabilise. Et le résultat, c'est qu'ils vont les abandonner de façon sauvage et d'une façon qui les condamnent à mort irrémédiablement. C'est pour ça d'ailleurs que l'abandon est un délit puni de peines de prison et est l'infraction la plus grave", précise-t-il. "Donc, si vous ne pouvez pas garder vos animaux, si vous n'avez pas réfléchi, si vous êtes embarqués dans une situation qui vous dépasse, amenez-les, nous on les soignera. On les gardera le temps qu'il faut et on les donnera à l'adoption dès qu'une famille se présentera. on n'est pas là pour juger les gens, on n'est pas là pour leur faire des leçons", assure-t-il.
"On se débrouille, on pousse les murs"
Et tant pis si les refuges de la SPA sont au bord de la saturation. "Vous savez, les refuges sont le bout de la chaîne de l'abandon, c'est-à-dire que les animaux qui sont divagants sont capturés par les fourrières municipales qui les gardent une huitaine de jours pour que les propriétaires se manifestent éventuellement et qui ensuite les donnent à des associations. On se débrouille toujours", explique Jacques-Charles Fombonne.
"Jusqu'à présent, on n'a jamais refusé des animaux parce que nous refusons l’euthanasie. Mais vous comprenez que les fourrières sont des organismes municipaux, qui vont euthanasier les animaux s'ils ne peuvent pas les placer dans des familles ou dans des associations. Donc on se débrouille, on a des familles d'accueil. On pousse un peu les murs de façon à les garder."
"Une infraction punie de deux ans de prison"
Le président de la SPA change de ton lorsqu’il évoque les abandons sauvages. "Si vous avez pris l'autoroute ces derniers jours, vous voyez des chiens et des chats qui courent le long de la bande d'arrêt d'urgence parce qu'ils ont été abandonnés. Ce dont on est sûr, c'est que l'on a deux fois plus d'abandons pendant la période estivale que pour le reste de l'année, sur une moyenne lissée des dix autres mois. C'est vrai que c'est facile d'abandonner. Cela étant, il y a souvent des systèmes de vidéo. On est en voiture, on a une plaque d'immatriculation, donc c'est un risque", rappelle-t-il.
"C'est une infraction qui est punie de deux ans de prison, de 30.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel, avec inscription au casier judiciaire, donc plus d'accès à la fonction publique, plus d’accès aux professions réglementées. Maintenant, comment peut-on abandonner un animal avec lequel on a passé quelques mois, quelques années ? Je laisse à chacun la responsabilité de se poser la question."