«On se dit toujours qu'on n'a pas assez bien fait les choses» : pourquoi si peu de femmes dans l'ingénierie ?

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Louise Sallé / Crédit photo : FRANCK FIFE / AFP , modifié à
Dès l'école, 82% des filles sont confrontées à des stéréotypes de genre sur les filières scientifiques, comme le révèle une enquête OpinionWay pour l’association "Elles bougent". Elles sont donc beaucoup moins représentées dans les métiers de la tech, du numérique ou encore de l'ingénierie.

Depuis une vingtaine d'années, les chiffres ne changent pas. Moins d'un quart des ingénieurs sont des femmes en France. Il faut dire que, dès l'école, 82% des filles sont confrontées à des stéréotypes de genre sur les filières scientifiques, selon une enquête OpinionWay pour l’association "Elles bougent" parue lundi. 

L'orientation des jeunes filles vers les métiers de l’industrie, de la tech et du numérique est très souvent "empêchée" par de nombreux obstacles. Depuis qu'elles sont toutes petites, les filles entendent dire qu'elles sont plutôt faites pour les matières littéraires et rares sont celles dont les mères, les tantes ou les cousines sont mécaniciennes ou informaticiennes. Devenir ingénieur n'a donc rien de naturel. "Quand je disais que je me projetais vers des études d'ingénieur, on me disait 'Ah bon ?' L'étonnement des gens face à ça, on n'y pense pas assez, on ne le conscientise pas assez".

"On se dit toujours qu'on n'a pas assez bien fait les choses"

Dans cette enquête, 44% des ingénieures interrogées affirment avoir entendu qu’elles étaient moins compétentes en mathématiques que les garçons. Comme Philippine, 29 ans, qui travaille dans l'aéronautique. "J'étais la seule fille de ma classe au lycée et parfois, on entendait des remarques comme 'Non mais madame, vous lui avez mis une bonne note parce que c'est une fille'. On se dit toujours qu'on n'a pas assez bien fait les choses, que finalement on n'est pas aussi forte que ça. Je travaille actuellement chez Airbus et quand j'ai débuté, j'avais du mal à affirmer mon avis. Il est déjà arrivé qu'on me coupe la parole et maintenant, j'ai une phrase en tête : 'qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, vous ne voulez pas prendre mon avis ?' En général, ils sont désarçonnés et ils n'ont rien à dire". 

Ce sentiment d'illégitimité porte le nom de syndrome de l'imposteur et touche plus de la moitié des répondantes du sondage.