Invité de l'entretien de Sonia Mabrouk sur Europe 1, le professeur Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat à Paris, a rappelé que si la crise du Covid-19 semble être passée, il faut continuer à se soucier de l'hôpital public en France, qui continue à souffrir.
La pandémie de Covid-19 a révélé une crise de l'hôpital en France . Partout dans le pays, c'est le même constat : le personnel soignant se décrit souvent exténué et surtout déconsidéré. "C'est comme si on était dans une sorte de panique permanente", abonde le professeur Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat à Paris. "Il y a plus en plus de patients qui viennent nous voir, qui ont besoin de nous, et de moins en moins de personnes en face", en raison de "crises de vocations", poursuit-il au micro de Sonia Mabrouk.
Le professeur explique également qu'au quotidien, aux urgences , les patients ne viennent plus seulement "pour une grippette, pour un petit état d'âme" : "Les patients, notamment les jeunes patients qui viennent aux urgences, sont suicidaires, vont mal." Et d'ajouter que "là aussi, à tous les niveaux, les indicateurs sont au rouge". Selon lui, à l'hôpital, il y a "de plus en plus de patients, de plus en plus grave, et avec en face des soignants évidemment motivés, mais en difficulté pour répondre" à cette détresse.
D'autant plus que les soignants s'identifient au mal-être de leur patient, assure le médecin, puisque "c'est ça la médecine, c'est la rencontre entre un humain qui souffre et un humain qui essaye d'écouter". D'après lui, "il faut donc protéger nos soignants et surtout leur donner des conditions matérielles pour qu'ils puissent continuer" à exercer correctement.
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Un appel à la population
Un cri d'alerte que l'on entend depuis plusieurs années, alors que peu de choses semblent changer, "probablement parce qu'au moment de la pandémie, on s'est mobilisé collectivement pour la santé", détaille Michel Lejoyeux. Au début de la pandémie, "on a tous fait de la santé une priorité". Or, "on voit bien que le virus diminue, mais la question de la santé doit rester prioritaire", alerte-t-il.
"Idéalement, si on faisait un rêve, ce serait qu'aujourd'hui la population reste aussi motivée sur le soin qu'elle l'était quand elle applaudissait à 20 heures les soignants", retrace le spécialiste, en rappel des applaudissements aux soignants lors du premier confinement en 2020. "Nos problèmes et nos difficultés n'ont pas disparu parce que les taux de contamination par le Covid diminuent", assure le professeur.