Réduire les délais d'attente chez l'ophtalmologiste, c'est un rêve pour beaucoup de patients. Pour le gouvernement aussi. Mais il devra d'abord engager une longue restructuration de la filière visuelle, en élargissant notamment les compétences des orthoptistes et des opticiens, selon un rapport de Dominique Voynet remis à la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Réduire les délais de moitié. La mission de Dominique Voynet consiste à développer les mesures déjà engagées par le ministère, qui souhaite "réduire de moitié le délai moyen constaté pour une prise de rendez-vous avec un ophtalmo d'ici 2017", en vue d'en inclure certains principes dans le projet de loi santé. Outre des mesures propres aux ophtalmos (encourager l'activité au-delà de 65 ans, inciter les jeunes à s'installer dans les zones en tension, expérimenter des "pôles ophtalmologiques" pour attirer des praticiens dans ces zones), le rapport pose aussi les bases d'une coopération entre médecins, orthoptistes et opticiens.
Un an d'attente en Picardie. Mais si la plupart des solutions avancées "sont largement consensuelles", elles "ne porteront leurs fruits que dans le temps", prévient Domnique Voynet, appelant à des "mesures fortes". Les 5.000 ophtalmos de France sont en effet trop demandés. Selon les études, les délais d'attente pour un rendez-vous varient de 60 à 111 jours en moyenne, et peuvent excéder un an "en Picardie ou en Franche-Comté", rappelle-t-elle.
Erreur dans le numerus clausus. Les ophtalmologistes sont aussi trop peu nombreux, "suite aux erreurs d'appréciation" des deux dernières décennies, en raison de l'accroissement de la population et de son vieillissement. Une situation d'autant plus inquiétante que les trois quarts des ophtalmos ont plus de 50 ans. Le récent relèvement du numérus clausus (nombre de place en ophtalmologie pour les internes, de 150 environ) ou l'arrivée d'ophtalmos étrangers ne suffiront pas à compenser totalement cette tendance.