Un procureur allemand s'est penché mercredi sur des archives d'une association de "malgré-nous" à Strasbourg pour tenter, 70 ans après les faits, de faire progresser une enquête sur le massacre perpétré par les SS à Oradour-sur-Glane et qui a entraîné la mort de 642 personnes le 10 juin 1944.
Des soldats amnistiés. Andreas Brendel, procureur de Dortmund, a consulté dans les locaux de l'Association des Déserteurs, Évadés et Incorporés de Force (ADEIF) les procès-verbaux d'interrogatoires de personnes jugées en 1953, lors du procès de Bordeaux. Au cours de ce procès, 21 soldats avaient été jugés pour leur participation présumée à la tuerie, dont une majorité de Français d'Alsace enrôlés de force dans l'armée allemande. Les Français avaient ensuite été amnistiés au nom de la réconciliation nationale.
Auditions. Pour cette visite qui constitue un acte d'enquête dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale et non une perquisition, a-t-il insisté, Andreas Brendel était accompagné par un major de la gendarmerie français. "Nous avons trouvé des documents d'archives que nous cherchions et qui complètent ce que nous avions déjà", a expliqué Andreas Brendel. Dans ce dossier pour lequel des Allemands pourraient être poursuivis, les enquêteurs doivent entendre jeudi un Alsacien âgé de 90 ans et une femme résidant en Moselle.
"Le sang doit couler". Côté allemand, les investigations sur le massacre d'Oradour avaient été relancées en octobre 2010, après la découverte par un historien d'un document tiré d'une enquête de la Stasi, la police secrète est-allemande. Il apportait notamment le témoignage d'un ancien SS présent à Oradour, révélant cette phrase lancée aux troupes par l'un des chefs avant la tuerie : "aujourd'hui, le sang doit couler". C'est également un livre, Entre deux fronts, les incorporés de force alsaciens dans la Waffen SS de Nicolas Mengus et André Hugel, qui a orienté le procureur allemand vers les archives de l'association strasbourgeoise.