Ousseyn, homophobe repenti : "J'ai grandi avec l'idée que l'homosexualité c'est très mal"

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Romain David , modifié à
Élevé dans la peur de l'homosexualité, le jeune homme s'est débarrassé de ses préjugés lorsqu'un travail dans le quartier du Marais lui a ouvert les yeux sur la discrimination subie par les homosexuels. Il témoigne dans l'émission d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
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Ousseyn, un jeune homme de la région parisienne d'origine africaine a grandi avec le poids de la religion. Pour lui, l'homosexualité était nécessairement quelque chose de blâmable, et les homosexuels des personnes à fuir. Jusqu'au jour où il a réalisé que la discrimination qu'il pratiquait faisait écho au racisme dont lui même avait pu être victime, de par sa couleur de peau. Au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1, il raconte comment il a été amené a tordre le cou à ses préjugés.

"Je pense que c'était lié à mon éducation et à la religion. Mes parents m'on éduqué dans la religion et, automatiquement, on nous explique ce qui est bien et ce qui est mal… en accentuant beaucoup ce qui est mal. On grandit avec l'idée que l'homosexualité c'est très très mal, qu'il ne faut pas traîner avec les homosexuels. […] Je ne blâme pas mes parents, ils m'ont donné l'éducation qu'ils ont eux-mêmes reçue.

"Je faisais semblant d'être content de les voir"

J'ai travaillé dans le Marais, le quartier homosexuel de Paris, pendant un an. Je travaillais tous les jours avec des homosexuels. Au début, c'est compliqué, il y a une distance, de la méfiance. Mais ça venait vraiment de moi, de leur côté ils disaient bonjour, étaient extrêmement souriants, mais je repensais à ce que l'on m'avait expliqué.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Mes premières journées de travail, voire mes premières semaines, ont été très compliquées parce que j'avais l'impression d'être hypocrite ; je faisais semblant d'être content de les voir, alors que si je m'étais écouté j'aurais préféré ne pas travailler avec eux.

"Les homosexuels sont peut-être les mieux placés pour me comprendre"

Au bout d'un mois, je me suis rendu compte en les écoutant parler que ce qu'ils vivaient était très dur. Ils étaient persécutés au quotidien, et je me suis reconnu là-dedans, parce que je suis Africain. […] Le fait de vivre au quotidien le racisme et la discrimination… j'ai fait un parallèle entre les deux, et je me suis dit qu'il était stupide et illogique, en tant que personne persécutée, de persécuter à mon tour des personnes. Ça n'avait aucun sens… Je me suis dit : aujourd'hui, c'est peut-être les homosexuels qui sont les mieux placés pour me comprendre."